TRT
 

Rédaction
10 juin 2004 à 01h00

La compagnie nationale turque de radio et de télévision (TRT) a commencé hier pour la première fois à diffuser des émissions en langue kurde dans le but de remplir une des conditions avancées par l'Union européenne pour l'ouverture de négociations d'adhésion avec Ankara. Les émissions en kurmandji -- dialecte kurde le plus parlé en Turquie -- ont commencé par 35 minutes à la radio, suivies par un programme d'une demi-heure à la télévision. Elles font partie d'émissions qui ont débuté avec un format quasi-identitique lundi et mardi dans des langues d'autres minorités, le bosniaque et l'arabe. Des émissions en tcherkesse et en Zaza, un autre autre dialecte kurde, suivront. La Turquie qui aspire à intégrer l'Union européenne (UE), compte outre une communauté kurde estimée à entre 10 et 15 millions de personnes, quelques centaines de Bosniaques et des Tcherkesses de souche, dont l'origine remonte à l'empire ottoman. Les nouvelles émissions, sous-titrées en turc et baptisées "notre richesse culturelle", ont traité en vrac de l'actualité nationale et internationale, du sport, de la faune et de la flore, entrecoupées de quelques clips de musique kurde. Même si la Turquie a brisé un tabou en diffusant des programmes en kurde, chose impensable il y a quelques années alors qu'une rébellion séparatiste sanglante (1984-1999) faisait rage dans le sud-est du pays, les émissions ont été critiquées par la presse qui estime qu'il s'agit d'une mesure purement symbolique sans véritable contenu. Des associations de Bosniaques ont ainsi dénoncé la décision de l'Etat de diffuser dans leur langue, affirmant n'avoir jamais demandé de telles émissions. Dans le cadre de réformes législatives visant à rapprocher Ankara des normes de l'UE, le parlement turc avait donné son feu vert en 2002 à la diffusion d'émissions en kurde à la télévision d'Etat, mais la mise en oeuvre de cette réforme s'est heurtée à de nombreuses difficultés bureaucratiques, notamment au sein de la TRT. Ce n'est qu'après une mise en garde lancée par le gouvernement du parti de la Justice et du Développement (AKP) que la TRT a annoncé la semaine dernière le début de ces émissions, sans toutefois commencer par le kurde. La Turquie espère un feu vert des dirigeants européens en décembre pour l'amorce des négociations d'adhésion à l'UE.

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