Al Jazeera
 

Rédaction
30 juin 2004 à 01h00

Les autorités algériennes ont décidé "le gel provisoire" des activités de la chaîne de télévision arabe Al-Jazira, a-t-on appris auprès du correspondant de la chaîne à Alger. "On m'a informé du gel, jusqu'à nouvel ordre, des activités de la chaîne, sans me donner aucune explication, en précisant qu'une réorganisation du travail des correspondants étrangers étaient en cours et que je pourrais reprendre, ensuite, mes activités", a expliqué à l'AFP Mohamed Daho. Des rumeurs sur une éventuelle suspension des activités de la chaîne avaient couru mardi dans les milieux de la presse à Alger. Elles disaient, notamment, que les autorités n'avaient pas apprécié un débat diffusé récemment par la chaîne remettant en cause implicitement la réconciliation nationale du président Abdelaziz Bouteflika. D'autres estimaient que la suspension serait en rapport avec la couverture de l'attentat, le 21 juin, contre la centrale électrique du Hamma d'Alger, présentée officiellement comme un accident. Mohamed Daho a affirmé qu'il ignorait les motifs exacts de ce "gel" et qu'il attendait la décision du ministère de la communication pour reprendre son travail. Al-Jazira, captée par parabole, est très regardée en Algérie, ainsi que d'autres chaînes arabes et françaises. C'est la première fois, depuis l'arrivée au pouvoir du président Bouteflika en avril 1999, que les autorités algériennes suspendent un média étranger, alors que les démêlés avec la presse nationale défraient la chronique depuis des années. Le directeur du groupe de presse Er-raï El Aam, Ahmed Benaoum, a été arrêté lundi à Oran (430 km à l'ouest d'Alger) et conduit à la prison de la ville, à la suite d'une plainte en diffamation d'un organisme d'HLM, alors que le directeur du Matin, Mohamed Benchicou, croupit en prison depuis le 14 juin, après la découvrte de bons de caisse dans ses bagages à l'aéroport d'Alger en août 2003. Il a également reçu une citation à comparaître le 6 juillet tout comme une journaliste du Matin, Abla Chérif, après le dépôt d'une plainte pour diffamation par le ministère de la Défense. Un autre journaliste, Hafnaoui Ghoul, correspondant du quotidien El-Youm à Djelfa (270 km à l'ouest d'Alger) et de la Ligue algérienne de défense des droits de l'Homme, a été condamné à deux mois de prison et à verser une amende pour "outrage et diffamation". Les journaux privés ont dénoncé une campagne tendant à étouffer la presse indépendante, très critique envers le pouvoir, par la "fabrication d'affaires de droit commun". L'organisation Reporters sans frontières (RSF) avait demandé, le 23 juin dans un communiqué, "la suppression des peines de prison pour diffamation". "Il est urgent que le pouvoir mette un terme à cette escalade de la répression contre la presse qui serait ridicule si elle n'était pas aussi dangereuse pour la liberté d'expression", avait estimé RSF, basé à Paris.

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