Radio
 

Rédaction
14 octobre 2004

La radio publique américaine pour le Proche-Orient, Radio Sawa, fer de lance des efforts pour redorer l'image des Etats-Unis dans cette partie du monde, est loin de remplir sa mission, selon un rapport préliminaire interne du département d'Etat. Le département d'Etat s'est toutefois fermement démarqué mercredi de ce document, en faisant valoir que cette évaluation initiale était entachée d'erreurs et en jugeant le travail de la radio "très positif". Ce document préparé par l'inspection générale du département d'Etat dresse un bilan sévère de cette station en langue arabe lancée il y a deux ans, supposée être un élément-clé d'un dispositif de reconquête de l'opinion au Proche-Orient. Le rapport préliminaire estime notamment qu'en privilégiant des programmes de divertissements et de musique pop pour attirer les jeunes, cette radio a su trouver un public mais "ne réussit pas à présenter l'Amérique à son auditoire". Des experts arabophones consultés jugent que Radio Sawa ne parvient pas à égaler en qualité la chaîne qatarie Al-Jazira et que le niveau de langage de ses émissions laisse à désirer. Le département d'Etat a toutefois affirmé avec force que ce bilan, révélé par un article du Washington Post, ne reflétait pas l'opinion générale du ministère américain des Affaires étrangères, ni celle du secrétaire d'Etat Colin Powell. Un haut fonctionnaire américain a souligné que ce rapport n'était pas définitif et que la version finale serait corrigée. "L'inspection générale s'est trompée. Nous sommes en train de rectifier cela", a-t-il assuré sous couvert d'anonymat. Il a également fait observer que ce rapport se basait sur le statut de la Voix de l'Amérique, une autre station publique américaine, pas sur celui spécifique à Radio Sawa, d'où des erreurs d'appréciation. Le porte-parole du département d'Etat, Richard Boucher, a abondé dans ce sens, en affirmant que M. Powell lui-même avait réclamé que les résultats de la station soient jugés à l'aune "de la base légale et du mandat de Radio Sawa". M. Boucher a pris une ferme défense de la station, en affirmant "qu'il ne faut pas se faire une opinion sur la base d'un rapport préliminaire et d'un article de presse". "Notre opinion d'ensemble de Radio Sawa est très positive. En partant de rien elle a réussi à capter beaucoup d'attention parmi son public-cible, et a su s'assurer une large part d'audience dans de nombreux endroits", a-t-il ajouté. Le rapport définitif sur Radio Sawa "est encore à l'état de projet, et n'a pas été publié", a-t-il souligné. Radio Sawa, financée sur fonds publics, de même que la chaîne de télévision américaine en arabe Al-Hurra, ont été lancées pour tenter de contrer l'influence de télévisions arabes comme Al-Jazira ou de nombreux autres médias de cette région, que Washington juge hostiles à son égard. De multiples enquêtes ont montré ces dernières années un effondrement de l'image des Etats-Unis dans l'opinion du monde arabe et musulman, sous l'effet notamment de la guerre en Irak et de l'enlisement du conflit israélo-palestinien. Washington a répondu à ce phénomène en intensifiant sa communication publique et médiatique en direction de cette partie du monde, mais sans remettre en question les aspects les plus controversés de sa politique étrangère.

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