Rédaction
5 mars 2001

La rupture des négociations entre le syndicat de scénaristes américains (WGA) et les principaux studios de cinéma et de télévision suscite la crainte d'une grève des auteurs de scripts à partir de mai, suivie d'une nouvelle grève des acteurs. La suspension sine die des discussions, entamées il y a six semaines à Los Angeles, a été annoncée par les deux parties: le WGA, avec 11.000 adhérents, et l'Alliance des producteurs de cinéma et de télévision (AMPTP), qui regroupe 350 producteurs et sociétés de production dont les chaînes de télévision nationales ABC, CBS et NBC (mais pas Fox). Les scénaristes et les acteurs demandent une meilleure rétribution pour la diffusion de leur travail sur les marchés de plus en plus importants de la télévision par câble, de la vidéo, des DVD, de l'internet ainsi qu'à l'étranger. Les deux parties ont avancé une série de chiffres contradictoires quant au coût de leurs propositions réciproques, mais la pierre d'achoppement concerne surtout les droits de rediffusion. Selon le président du WGA, John Wells, les producteurs ont refusé sur ce point "une augmentation annuelle de la rémunération des scénaristes de 2,7%" soit 99,7 millions de dollars sur trois ans. "Nous sommes tellement éloignés qu'il n'y avait aucune façon de trouver un terrain d'entente", a pour sa part estimé Nick Counter, président de l'AMPTP. Selon le WGA, l'augmentation totale demandée par les scénaristes s'élève à 725 millions de dollars sur trois ans. Si aucune entente n'est trouvée, les scénaristes pourraient se mettre en grève le 2 mai. Et 135.000 acteurs de cinéma et de télévision, dont le contrat expire le 30 juin, pourraient se joindre au mouvement deux mois plus tard, selon la presse américaine. M. Wells a fait part de son "inquiétude", tout en estimant que la suspension de ces discussions - qui permettra de consulter les membres - "n'entraînera pas automatiquement de grève". Selon le syndicat, le nombre des films et des séries américaines diffusées par des télévisions étrangères a augmenté de 37% entre 1994 et 1999 mais les sociétés de production n'ont pas réparti les parts correspondant à ces bénéfices aux créateurs du produit. D'autres points de friction non monétaires sont en jeu, comme l'attribution de la "paternité" des films aux réalisateurs. Les auteurs de scénarios souhaient en effet limiter à 10% le nombre des oeuvres annonçant: "un film de..." Le pessimiste règne à Hollywood, estime le magazine Variety. Pour la revue spécialisée, les studios souhaiteraient en fait une grève qui leur permettrait de se débarrasser de certains scénaristes, actuellement sous contrat. La dernière grève de la guilde des scénaristes avait duré cinq mois en 1988. A la suite d'un conflit avec l'industrie publicitaire, des milliers d'acteurs ont déjà fait grève de mai à octobre de l'an dernier. Les pertes des acteurs et des publicitaires de Los Angeles et de New York ont été estimées à plusieurs centaines de millions de dollars.

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