TNT
 

Rédaction
22 octobre 2004

A quatre mois et demi du lancement prévu de la télévision numérique terrestre (TNT) en France, les incertitudes demeurent sur le maintien du calendrier fixé par le Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA), menacé par le choix gouvernemental sur la norme de compression numérique. Déjà bousculé par une décision du Conseil d'Etat mercredi, le CSA pourrait aussi voir le gouvernement malmener son calendrier prévoyant un lancement de la TNT, avec la norme MPEG2, à partir de mars 2005 pour une quinzaine de chaînes gratuites et à partir de septembre 2005 pour une quinzaine de chaînes payantes. Le débat sur la norme, le MPEG2 ou le MPEG4 - en faveur duquel TF1 milite activement -, doit être tranché par le gouvernement, mais ce dernier n'a toujours pas fixé de date pour sa décision. Jeudi, Matignon a seulement annoncé que le Premier ministre Jean-Pierre Raffarin venait de recevoir le rapport très attendu de Daniel Boudet de Montplaisir, ajoutant que le gouvernement "arrêtera" ses décisions sur "les modalités d'introduction" de la TNT, "après avoir procédé aux consultations nécessaires" et "en concertation" avec le CSA. Le CSA doit d'ailleurs être reçu par M. Raffarin "dans les premiers jours de novembre", a annoncé son président Dominique Baudis, jeudi lors d'une conférence de presse. M. Baudis a de nouveau plaidé pour le MPEG2, la norme existante qu'il a qualifiée d'"expérimentée, fiable et surtout bon marché". Le MPEG4, norme plus performante, ne sera pas commercialisable pour le démarrage actuellement prévu de la TNT, dont l'acte de naissance en France date d'une loi de mars 2000. Le rapport "Boudet" préconise "deux voies" pour la TNT: soit un lancement avec le MPEG2 doublé d'une expérimentation de la télévision haute définition avec le MPEG4, soit une cohabitation temporaire des deux normes, selon le texte disponible sur le site internet de Matignon (www.premier-ministre.gouv.fr). "Confiant" et "déterminé" pour le maintien du calendrier du CSA, M. Baudis a jugé qu'il était "urgent de décider rapidement" sur la norme. "Aucun pays au monde n'envisage d'utiliser le MPEG4 sur la TNT", a affirmé Yvon Le Bars, conseiller du CSA chargé notamment de la TNT. Le camouflet essuyé mercredi avec l'annulation par le Conseil d'Etat - saisi par TF1 - des autorisations que le CSA avait délivrées en 2003 pour six chaînes de la TNT - filiales de Canal+ et Lagardère - ne devrait pas retarder le lancement des chaînes gratuites, à l'exception peut-être de celle qui occupera l'unique fréquence gratuite frappée par l'annulation, a estimé le CSA. Les cinq autres chaînes figuraient dans l'offre payante de la TNT. Reconnaissant que cette annulation était "une déconvenue" pour le CSA, M. Baudis a annoncé le lancement cette semaine d'une consultation publique, préalable obligé à un éventuel appel d'offres pour remplacer les autorisations annulées. Cette consultation sera ouverte "jusqu'au 1er décembre" et le CSA "se prépare en principe à lancer un appel à candidatures" pour les six fréquences, a précisé M. Baudis. Mercredi, Canal+ et Lagardère avaient déjà indiqué qu'ils seraient de nouveau candidats si le CSA lançait un appel d'offres. Le CSA "essaie de tenir bon" sur son calendrier "car plus des deux tiers des Français ne reçoivent que cinq chaînes gratuites" actuellement, a rappelé M. Baudis. "La TNT pour tous, c'est vraiment un projet d'intérêt général", a-t-il insisté.

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