Rédaction
9 avril 2005

«Al Maghribia est une chaîne importante regardée par les Marocains résidant aux Etats unis, au Canada, en Europe et récemment en Afrique. La chaîne suit la bonne voie tracée auparavant par les décideurs. Cependant, il lui manque les moyens pour pouvoir avancer et intéresser les téléspectateurs», souligne Driss Mrini, directeur d'Al Maghribia. Il a préparé bon nombre de projets d'émissions pour attirer plus de téléspectateurs : émissions d'interactivité, dédicaces, images du Maroc, correspondances à l'étranger...Et pourquoi pas des journées thématiques sur la musique, le cinéma marocain, l'art culinaire... ? Cependant, ces projets ne peuvent se concrétiser sans budget et sans études d'audience pour connaître les attentes du public-cible : les MRE. «Canal Atlas, diffusé récemment sur la Télévision marocaine, a pu démontrer que les MRE aiment Al Maghribia et placent un grand espoir en elle», ajoute Driss Mrini. En fait, au fil du temps, les téléspectateurs deviennent de plus en plus méfiants vis-à-vis de cette chaîne. Ils réclament d'autres programmes que ceux de la TVM et de 2M. Al Maghribia fonctionne depuis son lancement, le 18 novembre dernier, avec seulement une sélection des meilleurs programmes de ces deux chaînes. Aucun budget ne lui a été jusqu'à présent accordé. Et pourtant, on veut qu'elle ravive les liens entre les Marocains à travers le monde et leur pays. Créer une vitrine médiatique résolument tournée vers l'avenir sont les objectifs que s'assignent ses responsables. Mais, la stratégie utilisée, à l'heure actuelle, conduira-t-elle à ce dessein? Al Maghribia ne doit en aucun cas stagner. C'est l'avis de plusieurs spécialistes. A long terme, les téléspectateurs qui attendent avec impatience le changement finiront par se lasser et ne plus vouloir suivre ses programmes. Déjà, certains pensent que lancer une chaîne de cette manière sans avoir ni un cahier des charges, ni financement est une erreur. «Si Al Maghribia continue de ne diffuser que des programmes de 2M et de la RTM, personne ne va plus la regarder au bout de quelques mois. Même si elle produira par la suite ses propres programmes, son image auprès du public sera négative et ce sera difficile de l'améliorer», s'exclame un jeune étudiant en journalisme. A partir de juin 2005, Al Maghribia devrait émettre 24 heures sur 24 et avoir son propre journal télévisé. Mais, il convient de préciser que ce journal ne sera qu'un mixage des journaux télévisés des deux chaînes nationales. Ce n'est qu'en janvier 2006 que la chaîne aura sa propre grille des programmes. Des magazines économiques, culturels, sociaux et touristiques seront programmés, en tenant compte des décalages horaires pour assurer une couverture géographique appropriée. Certains pensent que 2006 est une date lointaine. La vision est encore brouillée à propos d'Al Maghribia. Restera-t-elle un «service» dépendant de la RTM ou sera-t-elle une télévision indépendante avec une stratégie bien claire ? «Ce qui m'importe le plus c'est d'avoir les moyens nécessaires pour faire évoluer Al Maghribia. Qu'elle soit filière de la TVM ou un service supervisé par la direction de la TVM, là n'est pas le problème», explique le directeur d'Al Maghribia. Al Maghribia fonctionne à l'heure actuelle grâce à un double effort de certains techniciens de la RTM qui parfois se trouvent dépassés. Le téléspectateurs se sont parfois plaint soit de l'image soit du son. Le recrutement d'un personnel propre à Al Maghribia semble ne pas être à l'ordre du jour. L'on procéderait peut-être au redéploiement du personnel de la RTM comme c'est le cas pour la quatre, la chaîne éducative. N'est-ce pas trop pour la RTM de faire fonctionner trois chaînes en même temps ? Les citoyens doutent de la capacité de la première chaîne publique à gérer toutes ces responsabilités. Les témoignages se ressemblent. Certes, les Marocains aimeraient bien voir émerger plusieurs chaînes de télévision. Mais, la qualité des programmes et de la diffusion s'avère indispensable. Driss Mrini ne perd pas espoir : «C'est une chaîne qui a la particularité d'être 100 % marocaine. Il suffit juste de la mettre en valeur». Jihane Gattioui - Le Matin

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