Alcatel
 

Rédaction
9 avril 2005

Le scénario d'un rapprochement entre Thales et Alcatel se précise alors que celui concernant une fusion Thales/EADS piétine sur fond de désaccords franco-allemands. Alcatel a annoncé la démission de son directeur général adjoint, Philippe Germond, confirmant une information du quotidien Les Echos, selon lequel cette décision s'expliquerait notamment par des désaccords stratégiques avec le Pdg Serge Tchuruk, sur le rapprochement avec Thales. L'équipementier en télécommunications Alcatel n'est pas satisfait de sa position dans Thales, dont il détient 9,1%, et pourrait monter dans le capital de ce groupe d'électronique professionnelle en lui apportant son activité satellites. Serge Tchuruk n'a jamais caché qu'il souhaitait faire évoluer sa relation avec Thales, estimant que le niveau actuel de sa participation "était trop ou pas assez". "Tout plaide, dans la réorganisation à la tête d'Alcatel, pour un rapprochement entre Thales et Alcatel", a commenté vendredi un courtier parisien à la Bourse de Paris. Le titre Thales était en hausse vendredi de 1,58% à 33,45 euros à 15H40 (13H40 GMT), dans un marché en progression de 0,22%. Alcatel gagnait 0,53% à 9,48 euros. Dans le cas d'un "renforcement des liens capitalistiques" entre Alcatel et Thales, une telle "opération correspondrait en tout cas à la recherche de +coopération+ entre Thales et Finmeccanica", notent les analystes de CM-CIC Securities. Alcatel et le groupe italien de défense et d'aéronautique Finmeccanica ont signé début 2005 un accord d'alliance dans leurs activités spatiales. La ministre française de la défense Michèle Alliot-Marie avait elle-même déclaré début mars qu'elle n'était pas opposée dans le principe à une alliance entre Thales et Finmeccanica. L'Etat qui détient 31,3% de Thales, pourrait en profiter pour s'alléger, faisant ainsi d'Alcatel le premier actionnaire du groupe. Par ailleurs, Thales obtiendrait à cette occasion le feu vert d'Alcatel à son projet de rapprochement avec la Direction des Constructions Navales (DCN) qu'il concocte depuis l'automne dernier, première étape d'un mouvement plus large de restructuration du secteur en Europe, souhaité par Paris et Berlin. Alcatel a levé son opposition à un rapprochement Thales/DCN, tout en considérant que l'électronicien n'a pas vocation à structurer l'industrie navale européenne, selon le quotidien La Tribune de mardi. Le scénario d'un rapprochement avec Alcatel permettrait à Thales d'échapper au géant européen de l'aéronautique et de défense EADS. Car le groupe de Denis Ranque est toujours convoité par EADS qui souhaite se renforcer dans l'électronique de défense. En novembre dernier, Thales avait échappé de justesse à une première tentative de reprise par le groupe européen. Ce projet ne fait toutefois pas l'unanimité au sein d'EADS: Si Noël Forgeard, co-président exécutif désigné du groupe, en est résolument partisan, Juergen Schrempp, le PDG de DaimlerChrysler, qui détient 30% d'EADS, n'en voit pas l'intérêt. En particulier, l'entrée de Thales au sein d'EADS bousculerait l'équilibre des forces au sein du groupe européen de défense entre Français et Allemands, au détriment de ces derniers. Mais pour le groupe Lagardère, qui détient 15% d'EADS et exprime, en vertu des statuts d'EADS, la position des intérêts français dans le groupe (30% du capital, dont la moitié à l'Etat), "tout est encore ouvert".

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