ARD
 

Rédaction
6 juin 2005

La série policière Tatort (Le lieu du crime) a diffuse dimanche soir son 600e épisode sans avoir pris une ride en 35 ans d'existence, grâce notamment à un renouvellement permanent du genre en phase avec les questions de société. Depuis le premier épisode, diffusé sur la première chaîne publique ARD le 29 novembre 1970 (Un taxi pour Leipzig), cette série trimensuelle a dépassé les frontières pour s'implanter en Autriche, ou devenir un succès dans d'autres pays comme la France. Tatort a même eu un pendant communiste avec "Polizeiruf 110", mettant en scène les plus fins limiers de la Volkspolizei de la RDA. En 2004, Tatort a été regardé par 7,7 millions de téléspectateurs en moyenne (21,8% de parts de marché en moyenne) après avoir atteint le pic des 10,2 millions l'année précédente. La série symbolise bien le fédéralisme allemand, en étant produite à tour de rôle par les différentes chaînes régionales de l'ARD, de Kiel à Constance et de Cologne à Berlin. "Le secret de Tatort est qu'il colle autant que possible à la réalité. Les épisodes essaient de créer une atmosphère locale crédible, avec des histoires passionnantes qui montrent toujours une partie de la réalité allemande", explique Wolfgang Petersen, réalisateur de "Dans la ligne de mire" et "Troie", qui avoue avoir appris son métier en dirigeant plusieurs épisodes à partir de 1977. La recette du succès vient également du genre constamment renouvelé de la série pour coller aux réalités allemandes. "Les policiers utilisent les nouvelles technologies mais ils ont aussi des problèmes familiaux", explique à l'AFP Josy Henkel, responsable de Tatort à la télévision bavaroise. Seul le générique n'a jamais changé: une cible s'arrêtant sur un regard bleu acier au son d'une musique disco. Les premiers commissaires étaient des policiers débonnaires, préférant la réflexion à l'action, à l'image d'un autre célèbre commissaire allemand, Derrick. Les intrigues tournaient autour de l'Ostpolitik ou de la crise du pétrole. Mais malgré la première apparition d'une femme policier en 1978, la série s'essoufflait. Le salut viendra en 1981 d'un flic de Duisbourg, ancien voyou qui a finalement choisi le droit chemin. Horst Schimanski, interprété par Götz George, boit, fume, jure (le quotidien Bild demandera "s'il doit vraiment dire m... 32 fois?" dans un épisode). Il résout les enquêtes à sa manière (forte), en s'attirant les foudres de sa hiérarchie pendant 10 ans et 25 épisodes, où sont abordés les problèmes de drogue, de racisme ou des sans-abris. Après la Réunification, les Etats régionaux de la RDA sont intégrés dans le réseau. Le premier commissaire de l'est vient en 1992, mais dès 1990, Schimanski collabore avec ses collègues de l'ex-RDA lors d'une enquête à Duisbourg. La série provoque aussi des polémiques: en 1993, un épisode est jugé trop brutal par les téléspectateurs, et en 2001, la commissaire de Ludwigshafen (sud-ouest) embrasse pour la première fois une autre femme. Tatort est aussi un passage obligé pour les acteurs allemands "qui aimeraient tous y jouer un rôle", selon Josy Henkel. La série a offert son premier rôle à Nastassja Kinski en 1977, et l'Américain Samuel Fuller (Police spéciale, Dressé pour tuer) a réalisé un épisode en 1973. Les propositions des municipalités pour accueillir un épisode sont également nombreuses, car, selon Josy Henkel, "Tatort est un support publicitaire fantastique. La ville fait partie du scénario, elle a un rôle".

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