Conseil Supérieur de l'Audiovisuel (CSA)
 

Rédaction
23 juin 2005

Le Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) s'apprête à rendre un avis sur un projet de décret régissant les décrochages exceptionnels des chaînes nationales notamment pour le football, et s'oriente vers une "opinion défavorable", apprend-on mercredi de bonne source. Pour sa part, l'agence NPA Conseil estime que le CSA va rendre un avis défavorable au décret parce qu'il souhaite un texte offrant "davantage de marge de manoeuvre". Bien que l'avis du CSA ne soit que consultatif, cette décision constituerait un revers pour la chaîne M6 qui a acquis les droits de rediffusion de certaines rencontres du championnat de Ligue 1 dans le but de les diffuser dans le cadre de décrochages locaux, après la retransmission en direct. Interrogé par l'AFP, le groupe M6 s'est refusé à tout commentaire tant que l'avis du CSA n'aura pas un caractère officiel. M6, par ailleurs propriétaire du club des Girondins de Bordeaux, a indiqué en mai qu'il avait acquis les droits de retransmission en différé des matches de trois clubs de L1, les Girondins, l'Olympique de Marseille et l'Olympique lyonnais. "Nous considérons cela comme un service de programmes supplémentaires en direction de nos téléspectateurs en région", souligne-t-on à la direction du groupe. Le projet de décret précise que les décrochages locaux exceptionnels doivent être justifiés par un événement de grande importance et ne pas excéder quatre par an et par service sur une même zone géographique, sauf lorsqu'ils se rapportent à une compétition sportive saisonnière et que leur programmation intervient entre 23h00 et 8h00. Selon NPA Conseil, cette définition des décrochages locaux exceptionnels "permet à M6 la diffusion de l'ensemble des matches de championnat". Rodolphe Belmer, directeur général délégué de la chaîne cryptée Canal+, qui a acquis les droits de diffusion en direct des rencontres de L1, a estimé sur Europe 1 qu'un avis défavorable du CSA bloquerait le projet de décret. Jean-Luc Nelle, président de l'association des Télévisions locales de service public (TLSP), consulté par le CSA, est opposé au projet et espère que le CSA se prononcera défavorablement. "Ce serait un tacle dans le chantier des télévisions locales", a-t-il dit à l'AFP. Selon lui, cette rediffusion permettrait d'"octroyer à des chaînes nationales qui ont des décrochages locaux, une pompe à recettes publicitaires locales, aux dépens des télévisions locales". Spécialiste des questions audiovisuelles, le député UMP Emmanuel Hamelin a adressé une question écrite au gouvernement pour dénoncer les dangers du projet. Selon lui, ce texte mettrait "en péril la survie des chaînes de proximité, notamment par les risques certains de baisse des recettes publicitaires". Le service des sports de France Télévisions, également consulté par le CSA, a souligné que France 3, considéré comme un groupe de télévisions locales, n'avait pas besoin de dérogations pour rediffuser des matches. "Les treize régions de France Télévisions sont considérées par la Ligue de football professionnel comme treize télévisions indépendantes. Il n'y a donc pas besoin de dérogations. Notre projet est de coproduire avec les clubs des émissions de deux heures à la date autorisée", a expliqué à l'AFP Daniel Bilalian, directeur des sports de France Télévisions.

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