Télévision
 

Rédaction
29 août 2005

La télévision privée Tolo TV a annoncé lundi à Kaboul le prochain lancement de "Bonu" ("Femme"), premier talk-show consacré aux femmes de l'histoire de la télévision afghane, une initiative qui pourrait ce nouveau susciter la colère des responsables religieux locaux. Lancée en octobre 2004, Tolo TV a bousculé les traditions télévisuelles afghanes en diffusant des clips vidéos de chanteuses largement plus dénudées qu'il n'est d'usage en Afghanistan, provoquant la colère de mollahs locaux. Dans un communiqué publié lundi, la chaîne a expliqué que ce talk-show, inspiré de celui de l'animatrice américaine Oprah Winfrey, évoquerait des sujets sociaux tels que l'éducation, l'évolution des comportements, le mariage, l'autorité au sein de la famille, la maternité et la santé. "Nous voulons provoquer des changements sociaux à travers des discussions franches sur les sujets qui concernent les femmes afghanes d'aujourd'hui", a déclaré la future présentatrice de l'émission, Farzana Samimi, citée par le communiqué, et qui sera assistée sur le plateau d'une psychiatre. Rapidement devenue l'une des chaînes les plus populaires du pays, Tolo a une audience potentielle de 15 millions de personnes en Afghanistan, mais également dans la région par l'intermédiaire du satellite. "Nos émissions participent à la reconstruction de l'Afghanistan, c'est pourquoi Bonu, comme nos flashes d'informations, cherchent à aller de l'avant", a expliqué le directeur de Tolo, Saad Mohseni. Après les années de contrôle des programmes sous l'occupation soviétique (1979-1989), puis d'interdiction pure et simple de la télévision sous les talibans (1996-2001), le mélange révolutionnaire d'informations et de musique proposé par Tolo est devenu très populaire dans les grandes villes afghanes. Mais cette occidentalisation culturelle reste étrangère à la majorité de la population afghane, rurale et extrêmement conservatrice en matière d'islam, et choque la plupart des responsables religieux, très influents au niveau local où ils prêchent souvent un strict respect de la loi islamique (charia).

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