Al Jazeera
 

Rédaction
17 septembre 2005

Un journaliste vedette de la chaîne de télévision satellitaire Al-Jazira, Tayssir Allouni, a été placé en état d'arrestation vendredi soir en Espagne, où il est en attente d'une éventuelle condamnation pour appartenance à Al-Qaïda, a-t-on appris de source judiciaire. "Il a été interpellé à Grenade (sud de l'Espagne) en vue de son incarcération en raison d'un risque de fuite", a précisé cette source à l'AFP. Le journaliste espagnol d'origine syrienne "comparaîtra lundi à Madrid devant un juge de l'Audience nationale qui lui signifiera son placement sous mandat de dépôt", a-t-elle ajouté. Tayssir Allouni, célèbre pour avoir réalisé en Afghanistan la première interview d'Oussama Ben Laden, le 21 octobre 2001, a été jugé au printemps dernier à Madrid pour appartenance à une cellule espagnole d'Al-Qaïda accusée de complicité avec les attentats du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis. Le jugement avait été mis en délibéré en juillet et sera rendu le 26 septembre. Le journaliste, accusé d'avoir remis des sommes d'argent à un dirigeant d'Al-Qaïda en Afghanistan, encourt neuf ans de prison. Pendant le procès, au cours duquel il avait nié toute appartenance à Al-Qaïda, il avait été remis en liberté sous contrôle judiciaire pour raisons de santé. Allouni avait été arrêté une première fois en septembre 2003 à Grenade et remis en liberté un mois plus tard pour raisons de santé. Il avait été arrêté une seconde fois et placé en détention préventive le 19 novembre 2004. Il a récemment sollicité une autorisation de quitter l'Espagne pour se rendre aux obsèques de sa mère décédée en Syrie qui lui a été refusée, a ajouté la même source judiciaire. La justice a estimé qu'il risquait de ne pas tenir compte de cette interdiction, selon cette source. L'épouse du journaliste, Fatima Allouni, jointe au téléphone par l'AFP a confirmé l'arrestation. Un deuxième accusé au procès de la cellule espagnole d'Al-Qaïda, Jamal Hussein, a également été interpellé vendredi à Grenade en raison des mêmes risques de fuite, a-t-on indiqué de source judiciaire. Jamal Hussein, qui encourt la même peine de neuf ans de prison que Tayssir Allouni, avait également été remis en liberté sous contrôle judiciaire pendant le procès, auquel avaient comparu entre avril et juillet 24 accusés. Le procureur de l'Audience nationale a requis des peines record de 74.337 ans de prison contre les trois principaux accusés de cette cellule dirigée selon la justice espagnole par le Syrien Imad Eddin Barakat, "Abou Dahdah". Ce dernier aurait prêté assistance au chef du commando suicide des attentats du 11 septembre, l'Egyptien Mohamed Atta, lors d'une réunion en juillet 2001 à Tarragone (nord-est de l'Espagne). Selon la justice espagnole, c'est lors de cette réunion qu'auraient été réglés les derniers détails de ces attentats. Le procureur de l'Audience nationale s'était montré sévère dans son réquisitoire contre Tayssir Allouni, qu'il avait accusé d'entretenir une "intime relation avec Al-Qaïda". Le représentant de l'accusation avait estimé que le journaliste n'avait pas été expulsé d'Afghanistan comme ses autres confrères parce qu'il avait rendu des services à Al-Qaïda et n'avait en réalité interviewé que "son propre chef", Oussama ben Laden.

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