Arte
 

Rédaction
20 mai 2001

ARTE consacre aujourd'hui 20 mai une soirée thématique à l'actrice Isabelle Huppert, interprète de "La pianiste" de Michael Haneke en compétition au festival de Cannes, avec notamment un remarquable portrait documentaire de Serge Toubiana. Actrice jusqu'au bout des ongles, Isabelle Huppert s'est façonnée dans le jeu. "Au début j'étais comme une page blanche, sans forme, sans contours. Avec au fond de moi, une certitude que quelque chose allait prendre corps", explique-t-elle, estimant que "la caméra donne un peu de consistance". Pour elle, "jouer c'est s'absenter et curieusement c'est se protéger du regard des autres". La comédienne au teint diaphane piqueté de taches de son a interprété une cinquantaine de films, une dizaine de pièces de théâtre d'auteurs aussi exigeants que Musset, Tourgueniev, Shakespeare, Claudel, Virginia Woolf, Schiller ou Euripide. De "La Dentellière" de Claude Goretta aux rôles forts que lui a donnés Claude Chabrol et notamment le personnage vénéneux du récent "Merci pour le chocolat", cette cérébrale subtile est devenue, comme elle le dit joliment, une "machine à jouer". La vocation est venue tôt chez la petite fille rousse, filmée par la caméra familiale en super 8 dans le jardin de Ville d'Avray. Serge Toubiana l'a suivie pendant un an. Dans les coulisses d'Avignon où elle a triomphé dans le "Médée" mis en scène par Jacques Lasalle, on la voit se mettre en condition avant d'entrer dans l'arène, par des cris, des vocalises, une expression corporelle de la douleur à la limite de la furie. "Avant d'être un corps, Médée c'était une voix", analyse Isabelle Huppert, férue de chant depuis son enfance et qui vient d'interpréter un disque avec Jean-Louis Murat. Avec Claude Chabrol, qu'elle voussoie, Isabelle Huppert a trouvé ses plus beaux rôles: "Madame Bovary", "Une affaire de femmes" (diffusé en ouverture de la soirée d'ARTE), "Violette Nozière" (prix d'interprétation féminine à Cannes en 1979), "La cérémonie". Sur le tournage de "Merci pour le chocolat" à Lausanne, leur complicité crève l'écran. Elle parle avec précision et intelligence de son métier: "Le cinéma, c'est l'art du flou. On fait le point sur l'hypothèse, l'incertitude". "Jouer c'est du plaisir et un peu de douleur aussi", ajoute-t-elle.

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