Film
 

Rédaction
27 janvier 2006

Le Festival international de programmes audiovisuels (FIPA), qui se tient à Biarritz jusqu'à samedi, présente des fictions et des documentaires du monde entier, de la Russie au Mozambique, dont quelques joyaux que le public français n'aura peut-être pas la chance de voir. Comme chaque année depuis 19 ans, le FIPA se veut être "une fenêtre sur le monde" et propose en compétition des programmes venant de dizaines de pays (36 en 2006). L'Europe est largement représentée mais l'Afrique, l'Asie, l'Inde ou encore la Russie sont également présentes avec des programmes de qualité qui donnent à voir une autre vision du monde. "Une saga moscovite", grande fresque de Dimitri Barshevsky, suit trois générations d'une famille moscovite de 1925 jusqu'à la mort de Staline et entremêle la grande histoire à la petite. Cette série télévisée suit la famille Gradov, dont le père devient médecin du Kremlin. Beaucoup seront broyés par l'histoire. Amour, trahison, guerre...la série réunit tous les ingrédients d'une grande saga familiale et sa diffusion en Russie fin 2004 a remporté un immense succès. "Le grand bazar", une fiction du Mozambique réalisée par Licinio Azevedo, conte l'histoire d'un garçonnet débrouillard qui vend des beignets pour aider à subvenir aux besoins de sa famille. Lorsque des voleurs lui dérobent sa recette, il décide de les suivre pour récupérer son bien. Loin de la vision misérabiliste que l'on a souvent de l'Afrique, ce conte plein d'humour plonge le téléspectateur dans la vie quotidienne des gamins des rues. L'arrière-plan historique et social est évoqué par petites touches: une Blanche au volant de son 4X4 ou un bûcheron qui dit simplement que sa vie "est partie en fumée à cause de la guerre". Le Japon présente deux documentaires sur des faits de société méconnus en France. "Dying alone" (Mourir seul) de Matsuki Hidefumi, suit le travail du premier "centre de prévention des morts solitaires" créé au Japon. Les grands ensembles bâtis dans la banlieue des grandes villes dans les années 60 abritent aujourd'hui des personnes totalement coupées de la société, après la perte de leur travail et un divorce. Elles meurent sans que personne ne s'en aperçoive. Ce centre, animé par des habitants bénévoles, tente de renouer des liens. "The dear child of my ennemy" (le cher enfant de mon ennemi), de Toshihiko Sato, est l'une des pépites du festival. Avant la deuxième guerre mondiale, un million de Japonais habitaient en Mandchourie. Après la défaite, ils fuient ou sont tués et plusieurs orphelins sont recueillis par des familles chinoises qui seront alors mises au ban de la société. Depuis les années 80, le gouvernement japonais a autorisé la venue de ces enfants, devenus adultes, "sur leur terre ancestrale". La caméra suit le retour d'une femme chez sa mère adoptive, pour quelques jours. Ce documentaire poignant dévoile un événement du passé et le courage de gens simples tout en évoquant la puissance des liens filiaux, qui transcendent les préjugés et la haine entre les pays. Reste à savoir si ces programmes seront montrés aux téléspectateurs français. Le délégué général du FIPA, Pierre-Henri Deleau, a une fois de plus déploré la frilosité des chaînes publiques françaises dans leurs choix et leur ouverture aux autres pays. "Les Canadiens, les Suisses romans, les Scandinaves qui viennent au festival achètent ce qu'ils aiment. Ils ne se préoccupent pas de la provenance des films", souligne-t-il.

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