Europe
 

Rédaction
28 janvier 2006

Les professionnels de l'audiovisuel, réunis au Festival international de programmes audiovisuels (FIPA), restent inquiets des conséquences de la nouvelle directive européenne sur la télévision sans frontières (TVSF), tout en se félicitant de plusieurs avancées. "Avec l'arrivée de nouveaux fournisseurs, ne risque-t-on par un dérapage des quotas, l'Europe va-t-elle défendre la création nationale et européenne, y aura-t-il encore de la création dans 10 ans?", s'est interrogée vendredi lors d'une conférence de presse Sophie Deschamps, scénariste et présidente de la commission télévision de la Société des auteurs et compositeurs dramatiques (SACD). La directive TVSF, créée en 1989, est la pierre angulaire de la réglementation de l'audiovisuel européen. Sa modification, la deuxième depuis sa création, a été rendue nécessaire par le bouleversement du paysage audiovisuel européen: arrivée des opérateurs de télécommunication (via par exemple la télévision par ADSL) et émergence des services dits non linéaires (la vidéo à la demande), a rappelé Emmanuel Joly, de la Commission européenne. Le projet prévoit notamment d'imposer aux nouveaux venus (les opérateurs téléphoniques) le principe de promotion des oeuvres européennes. D'un autre côté, il assouplit les limites sur la diffusion de la publicité à la télévision. Pour Pascal Rogard, président de la SACD, cette nouvelle directive, "c'est le RMI". Il a cependant salué l'obligation de diversité culturelle imposée aux nouveaux entrants, "en dépit des efforts monstrueux des opérateurs téléphoniques" pour y échapper. La directive oblige en effet les Etats membres à s'assurer que les distributeurs de services à la demande (vidéo à la demande, télévision sur portables...) "promeuvent l'accès aux contenus européens". Mais elle n'a pas précisé de quelle façon... "Les dirigeants de France Télécom sont naturellement enclins à entendre un discours sur la diversité culturelle, mais les pays de culture anglo-saxonne ont un autre rapport à la culture", a souligné Jérôme Soulet, qui travaille à la division contenu de France Télécom. Il a également noté que les opérateurs téléphoniques pouvaient permettre d'accroître l'exposition d'oeuvres peu diffusées à la télévision, comme par exemple les courts-métrages, des programmes de format court bien adapté au visionnage sur un portable. Concernant l'augmentation du nombre des coupures publicitaires, autorisée par le projet de la Commission, M. Rogard a rappelé que cette directive autorisait les Etats membres de prévoir des règles plus strictes (c'est le cas de la France actuellement). Les films de télévisions et de cinéma, les programmes pour enfants et les informations ne pourront être interrompus qu'une fois toutes les 35 minutes (contre des tranches de 20 minutes pour les autres programmes). Mais le paradoxe est que cela risque de tuer les oeuvres de fiction, qui seront moins rentables pour les chaînes, a remarqué Mme Deschamps. Le projet adopté par la Commission doit à présent être approuvé par les gouvernements des Etats membres de l'Union et par les parlementaires européens, un processus qui pourrait prendre plus de 18 mois.

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