Arte
 

Rédaction
7 avril 2006

En 1911, Henry de Monfreid se remet tout juste d'une grave maladie et décide de changer de vie : il part pour les colonies, à Djibouti, faire du commerce. "Lettres de la mer Rouge" retrace les premières années en Afrique de ce personnage de légende et écrivain prolifique. "Lettres de la mer Rouge", un film réalisé par Eric Martin et Emmanuel Caussé et diffusé ce soir sur Arte à 20H45, s'appuie sur la vaste correspondance échangée entre Henry de Monfreid, son père et Armgart Freudenfeld, qui deviendra sa femme en 1913. Le film couvre les quatre premières années de Monfreid en Afrique : de son arrivée à Djibouti, où il devient courtier en café avec plus ou moins de bonheur, jusqu'à sa sortie de prison, en 1915. Il y avait été incarcéré pour trafic d'armes et infraction au code des douanes. A peine posé le pied sur le sol africain, Henry de Monfreid, alors âgé de 31 ans, ne se sent aucune affinité avec le mode de vie des colons et se mèle aux indigènes. Au fil des mois, il apprend l'arabe et les langues des différentes ethnies, adopte la tenue vestimentaire des indigènes et se met en ménage avec des femmes indigènes. Il se convertit à l'islam, se fait circoncire et prend un nom musulman, Abd el-Haï. Les deux réalisateurs sont parvenus à restituer l'atmosphère de ces territoire qui bordent la mer Rouge, au début du siècle, sans verser dans l'exotisme de carte postale. Les scènes de Monfreid sur son boutre par exemple semblent avoir été calquées sur les photos prises alors par le navigateur. Tourner en Ethiopie a été "une véritable gageure, mais nous voulions être le plus réalistes possible et partir réellement sur les traces de Monfreid", déclare Emmanuel Caussé. Le tournage a été épique, puisque le matériel a été plusieurs fois bloqué en douane, puis emporté par des torrents de boue. Et les figurants ont été attaqués par des hyènes en chaleur, raconte Eric Martin. S'il dépeint la soif de liberté, le courage et l'anticonformisme d'Henry de Monfreid, le film ne gomme pas les aspects les moins agréables de cet homme ambivalent, cruel avec son fils aîné, machiste et terriblement égoïste. Face à Henry, incarné par Arnaud Giovaninetti, Elodie Navarre campe une Armgart Freudenfeld au caractère bien trempé. Fille du gouverneur allemand pour l'Alsace, Armgart est une jeune femme intelligente, moderne et affranchie. Elle lui propose "un mariage libre", "qui n'exclut nullement la profondeur des sentiments mais qui n'exige pas une fidélité dont (elle) le sait bien incapable". D'abord effrayé par l'indépendance de cette jeune femme, Monfreid finira par céder et restera son époux jusqu'à la mort d'Armgart, en 1938. Servi par une distribution impeccable (la sécheresse d'Arnaud Giovaninetti s'opposant à la douce fermeté d'Elodie Navarre), ce film donne envie de se plonger illico dans l'un des quelque 70 livres écrits par cet aventurier à partir de 1930.

!
Les articles de plus de deux ans ne peuvent plus être commentés.