Internet
 

Rédaction
11 avril 2006

La télévision par internet aura du succès avec presque 17 millions de clients d'ici à 2010, mais dégagera des bénéfices limités par la qualité des offres concurrentes, selon une étude du cabinet de recherche américain spécialisé Gartner, publiée lundi. Gartner estime que le nombre d'abonnés à la télévision par internet (IPTV) passera de 3,283 millions en Europe de l'ouest en 2006 --la France étant largement en tête-- à 16,695 millions en 2010, et les revenus générés de 336 millions d'euros à trois milliards. Mais il observe que la progression du nombre d'abonnés va ralentir, passant de 134,5% entre 2004 et 2005 à 22,4% entre 2009 et 2010. Gartner estime que l'IPTV "aura du mal à devenir une source majeure de revenus pour les compagnies de télécommunications dans les cinq prochaines années". En effet, celles-ci devront limiter leur tarifs initiaux pour lutter contre les bouquets de télévision payants et les offres comme la TNT, où l'on ne paie que le boîtier numérique qui permet ensuite de recevoir gratuitement un bouquet de programmes généralement "de bonne qualité", remarque l'étude. "Même si les bénéfices de l'IPTV sur le court à moyen terme seront au mieux modestes, les fournisseurs d'accès ne pourront pas se permettre d'en différer la mise en place", a cependant estimé dans cette étude Susan Richardson, chef analyste chez Gartner. En effet, "ceux qui attendront trop risqueront de réduire leurs chances d'être des acteurs clés de long terme de l'info-distraction par internet", a-t-elle estimé, soulignant que l'IPTV "n'est pas seulement un service unique" de télévision, mais aussi "une nouvelle plate-forme de distribution sur laquelle de nouveaux services peuvent être proposés". "Les investissements dans ce domaine doivent être vus comme un moyen de préparer le terrain pour l'avenir", a-t-elle estimé. La France à elle seule compte environ la moitié des abonnés. Gartner pense qu'ils seront 1,7 million fin 2006, pour un chiffre d'affaires de 141 millions d'euros, et presque cinq millions, un tiers du total, pour 682 millions d'euros en 2010. Le cabinet estime que ce succès est dû en grande partie aux politiques de prix agressives pratiquée par certains actueurs comme Free et Neuf. Mais la situation en France "n'est pas aussi claire qu'il y paraît", souligne Gartner, selon lequel le nombre de souscripteurs reflète le total de ceux qui ont accès à l'offre triple (télévision, internet haut débit, téléphone) plutôt que ceux qui paient spécifiquement pour la télévision par internet. Ainsi, une étude récente du cabinet a montré que 39% seulement des abonnés de Free utilisaient l'IPTV. Susan Richardson observe aussi que la précocité de l'entrée de Free sur le marché va bientôt rendre la Freebox (l'équipement qui permet la réception des services) démodée, obligeant l'entreprise à investir dans de nouveaux matériels. Le Royaume-Uni est parmi les plus petits utilisateurs d'IPTV en Europe de l'ouest, avec seulement 75.000 foyers prévus en 2006. Ce nombre devrait progresser à 1,9 million en 2010, notamment avec le lancement par BT à l'automne d'une offre BT Vision innovante, mais Gartner pense que le Royaume-Uni restera un marché faible, les Britanniques étant très habitués à la télévision payante et notamment au satellite Sky TV (8 millions d'abonnés). L'Allemagne est un marché encore plus faible, avec 47.000 abonnements à l'IPTV et 10% seulement de ménages abonnés à la télévision payante, en particulier pour le football. Mais il devrait se développer plus vite qu'au Royaume-Uni et atteindre 2,8 millions en 2010, notamment grâce à l'offre que vient de lancer Deutsche TeleKom.

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