M6
 

Rédaction
16 mai 2006

A travers des films amateurs, inédits et en couleur, le documentaire de Serge de Sampigny sur M6, ce soir à 20h50, "Quand l'Algérie était française" invite à feuilleter les pages de l'Histoire, celle de l'Algérie aux couleurs de la France, des années 50 jusqu'à son indépendance en 1962. Une histoire d'amour et de haine, qui va provoquer l'exode d'un million de Français, tandis que des drapeaux verts et blancs remplacent les fanions tricolores, refermant une parenthèse de 132 ans. Pour raconter cette histoire de l'intérieur, l'équipe est allée pendant 10 mois à la recherche de bobines de 8 millimètres, et a interrogé les acteurs de ces films, pieds-noirs, musulmans ou jeunes Français du contingent. Leurs commentaires sur ce qu'ils vivaient à l'époque sont lus par des comédiens. "Nous avons recueilli 27 films privés de 8 mm, inédits. A cela s'ajoutent des films amateurs, récupérés via des sources officielles, notamment les sources audiovisuelles de l'armée", explique le réalisateur Serge de Sampigny, dans un entretien avec l'AFP. A l'aide de cahiers intimes, de lettres et d'interviews, ce document de 90 minutes fait revivre des histoires familiales et destins individuels, parfois bouleversants. Etonnante image que celle de cette petite fille insouciante, Hélène Cosso, qui skie dans l'une des deux uniques stations de sports d'hiver du pays. Issue d'une famille de l'Ariège, Hélène Cosso, dont le père est assureur, a 8 ans dans les années 50. "C'est l'histoire d'une réussite dans le cadre de l'Algérie française", souligne Serge de Sampigny. Il y a Guy Forzi, agriculteur pied-noir qui possède un domaine de 600 hectares dont la famille est arrivée en Algérie pendant la guerre de 14. Revendiquant son statut de colon, il s'impliquera dans la semaine des barricades d'Alger et sera plus tard assigné en résidence dans le Gers. On croise le destin poignant de Pierre Rodet Loew, militaire de carrière arrivé en 1958 en Algérie. Très amoureux de sa femme Pierrette, il lui écrit jusqu'à trois lettres par jour et surtout lui envoie ses bobines de 8 mm, se filmant sur les champs de bataille. Il sera tué en septembre 1959 près de la frontière tunisienne. Le film suit également l'influente famille Boubakeur, dont le fils Dalil deviendra l'actuel recteur de la mosquée de Paris. L'engagement du cinéaste français René Vautier, membre du Parti communiste, qui filme la guérilla à la frontière tunisienne, permet de rencontrer Hassiba ben Illes, adolescente de 17 ans qui rejoint l'Armée de Libération Nationale, et Chelif Zenadi, qui fait sauter les trains dans le Constantinois. La seule faiblesse du film réside dans le peu d'images tournées par cette communauté forte de 9 millions de musulmans. "Hélas, il y a plus de films de Français représentés", reconnaît le réalisateur. "Les musulmans étaient plus pauvres que les autres. Et l'image pose un problème aux musulmans", ajoute Serge de Sampigny. Ce documentaire, réalisé dans la même veine que celui consacré à Hitler l'année dernière, ne devrait pas être le dernier. Serge de Sampigny a dans ses cartons un documentaire en préparation sur Staline.

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