France 3
 

Rédaction
30 septembre 2006

Ce soir sur France 3 à 20h50, le téléfilm "Les vauriens" lève le voile sur l'existence des bagnes pour enfants dans la France de l'entre-deux-guerres, un fait presque oublié aujourd'hui mais doté d'une "résonance" particulière dans la société actuelle, selon le réalisateur Dominique Ladoge. A Belle-Ile de nos jours, une jeune femme (Laurence Côte) se rend dans la maison de son père qu'elle a à peine connu et qui vient de mourir. Un vieil homme, ami de son père, l'accueille et lui raconte les circonstances de son amitié avec Louis Delpierre. Tous deux étaient enfants en 1934. Robert était orphelin et Louis s'était enfui de la ferme où il avait été placé. Ils ont été internés dans "la colonie maritime" de Belle-Ile, un véritable bagne pour enfants et adolescents sans parents, ou petits délinquants. Les gardiens (surnommés les gaffes par les pensionnaires) sont des brutes sous les ordres d'un directeur, anciennement directeur de prison. Incarné par un Rufus au visage de cire, M. Fouchs est persuadé d'être investi d'une mission sacrée. L'amitié qui lie les deux jeunes héros, leur "résistance" aux mauvais traitements et leur volonté farouche de s'évader éclairent cette histoire tragique. Dans un univers très sombre, deux personnages vont oeuvrer pour mettre fin au calvaire des enfants: une jeune veuve (Constance Dollé), fermière dans un village voisin et qui aide parfois au ravitaillement du centre, et Paul Alexis (Laurent Lucas), un journaliste venu de Paris pour enquêter. "Tout ce qui est dans ce film est vrai, des scènes les plus dures à l'intervention du journaliste, dont le véritable nom est Alexis Danan", déclare le réalisateur Dominique Ladoge dans un entretien à l'AFP, lors du Festival de la fiction de Saint-Tropez. Le scénariste Sandro Agénor est allé fouiller dans les archives de Vannes et d'ailleurs et a rencontré des protagonistes de l'époque, explique-t-il. "Si on avait mis dans le film tout ce qu'on a lu, cela aurait été insoutenable". "Les vauriens" effectue des va-et-vient entre Belle-Ile 1934 et Belle-Ile 2006 afin qu'il ne passe pas pour un simple film d'histoire, ajoute Dominique Ladoge, trouvant des "résonances" dans la société d'aujourd'hui. "Réunir des jeunes dont on ne sait pas quoi faire et vouloir les mettre dans des camps" est une idée qui refait régulièrement surface, surtout en période de campagne présidentielle, s'insurge-t-il. "C'était hier mais méfions-nous que cela ne soit pas demain". Le film parle d'une histoire très récente, dont certains acteurs sont encore en vie, et les maisons de correction pour enfants, même si elles portaient un autre nom, ont subsisté jusqu'aux années 1950, souligne-t-il. Dominique Ladoge s'enflamme pour parler de ces enfants internés... Son père, qui avait pratiqué "une déliquance de survie" à la sortie de la guerre, a été placé à l'âge de 12 ans dans un établissement religieux pour jeunes délinquants, en 1948. Les pensionnaires surnommaient les membres de l'encadrement "les frères à quatre bras" tellement ils tapaient fort.

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