France 2
 

Rédaction
15 novembre 2006

Simple et profond comme une fable, le roman de Daniel Keyes "Des fleurs pour Algernon", qui avait déjà inspiré en 1968 le film "Charlie", sert d'argument près de 40 ans plus tard à un téléfilm de David Delrieux, réalisé pour France 2, diffusé ce soir à 20h50. Les téléspectateurs qui ne connaissent ni le roman, ni le film découvriront l'histoire de Charles Gaessler (magistralement interprété par Julien Boisselier), d'abord simple d'esprit avant de devenir surdoué grâce à une drogue miracle, puis de retomber dans sa condition d'attardé mental. Près de lui, en miroir, Algernon, souris blanche de laboratoire, sur laquelle on a testé le même produit et qui, comme Charles Gaessler, mais un peu avant lui, devient intelligente avant de régresser. Pour Julien Boisselier, l'histoire de Charles et d'Algernon est "une histoire fragile, ouverte, dont chacun peut s'emparer de manière personnelle", "une fable qui pose des questions, mais ne délivre pas de message, ne moralise pas". Le récit illustre pourtant la célèbre maxime de Rabelais: "science sans conscience n'est que ruine de l'âme". Parvenu au quotient intellectuel de 190, Charles Gaessler apprend les mathématiques, les langues étrangères et le piano, mais cette évolution intellectuelle ne s'accompagne d'aucun développement affectif. Lui qui n'a jamais aimé une femme, que ses parents ont abandonné, découvre l'amour avec Alice, son professeur de piano, incarné avec sensibilité par Hélène de Fougerolles. Mais, devenu nerveux et irritable, conscient d'être traité en objet d'expérience, il se sent sombrer dans la folie, surtout lorsqu'il découvre qu'Algernon, dont il est si proche, regresse et qu'il va, comme le petit animal, retourner à son état d'attardé mental. Plutôt fait pour les rôles de jeune premier romantique, Julien Boisselier campe un Charles Gaessler convaincant dans son rôle de simple d'esprit, bancal, affublé d'épaisses lunettes, à la démarche maladroite et s'exprimant avec difficulté. L'acteur raconte que, pour se mettre dans la peau du personnage, il est allé rencontrer des handicapés mentaux à Nanterre. "Je les ai regardés travailler, bouger, rigoler. J'ai pris des gestes, des attitudes", explique-t-il. "Je savais que, dès le premier plan, il fallait qu'on y croie", ajoute-t-il. Comme dans le roman de Keyes, la fin de la fable est amère. Charles Gaessler, redevenu simple d'esprit, dépose des fleurs sur la tombe qu'il a creusée pour Algernon, après l'avoir étouffée. Et, sous les flocons de la neige qui tombent, il appelle vainement Alice, enfuie, désespérée.

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