Rédaction
31 décembre 2006

Cent cinquante-cinq journalistes et employés des médias ont été tués en 2006, la pire année jamais enregistrée pour la profession, selon la Fédération internationale des journalistes (FIJ). La fédération a dénombré 155 meurtres, assassinats et morts inexpliqués, ainsi que la mort de 22 journalistes et autres travailleurs des médias lors d'accidents survenus dans l'exercice de leurs fonctions, soit un total de 177 morts indique-t-elle dans un communiqué diffusé dimanche. L'association Reporters sans Frontières (RSF) fixe pour sa part à 81 le nombre de journalistes tués dans le monde 2006, année que l'association pour la défense de la liberté de la presse considère comme étant la plus meurtrière depuis 1994. "Les médias sont devenus plus puissants et le journalisme est devenu plus dangereux. 2006 est la pire année que nous ayons enregistrée, une année de violence au cours de laquelle on a délibérément visé et tué les journalistes avec impunité", a dénoncé Aidan White, secrétaire général de la FIJ. La FIJ ne fait pas de distinction entre les journalistes et les autres collaborateurs des médias qui contribuent à l'information, comme les interprètes ou les chauffeurs, a précisé M. White. L'année 2005 avait déjà été la pire jamais enregistrée avec au total 154 journalistes et collaborateurs morts, mais le crash d'un avion militaire en Iran, dans lequel 48 journalistes avaient péri, avait contribué à assombrir le bilan annuel. En 2006, l'Irak demeure le pays le plus dangereux pour les journalistes et collaborateurs avec 68 tués (contre 35 en 2005), ce qui porte à 170 le nombre de morts depuis le début de l'opération militaire américaine en avril 2003, selon la FIJ. Dix-neuf de ces journalistes sont morts en 2006 sous le feu de l'armée américaine, selon la FIJ qui dénonce le fait que les familles des victimes "attendent toujours des rapports crédibles et indépendants sur ce qui s'est passé". Mais la majorité des 68 morts est le fait de groupes terroristes ou communautaires. Le deuxième pays le plus dangereux reste les Philippines (13 morts), ce qui porte à 49 le nombre de tués depuis l'arrivée au pouvoir de Gloria Arroyo en 2001 et "dépasse le nombre de tués pendant les 14 ans de dictature" de Ferdinand Marcos, a noté la FIJ. Au total, 34 journalistes sont morts en Asie. En Amérique latine, où 37 journalistes et collaborateurs sont morts, le Mexique, avec 10 morts, a dépassé la Colombie comme pays le plus dangereux. La FIJ, qui publiera plus de détails dans son rapport annuel mi-janvier, a d'autre part dénoncé l'"impunité" dont bénéficient les auteurs des crimes. "Nous devons faire davantage, particulièrement pour aider les victimes de la violence et traduire les assassins de nos confrères devant la justice", a déclaré M. White. Pour la fédération, "le seul moment d'espoir dans une année désespérément sombre" a été le vote, le 23 décembre, d'une résolution du Conseil de sécurité de l'ONU qui condamne les attaques délibérées contre les journalistes dans les zones de conflit et appellent à mettre fin à ce genre de pratique. "Nous voulons que des mesures soient prises contre les pays qui laissent tuer des journalistes en toute impunité", a indiqué M. White.

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