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Rédaction
27 février 2007

Vols de voiture, de portable, bagarres et violences diverses, Franck, Farid et Pierrick sont des mineurs multirécidivistes au parcours chaotique, "acteurs" touchants, bien que délinquants, d'un passionnant documentaire : "La juge et les lascars", diffusé ce soir sur Canal+ à 20h50. En 2005, près de 82.000 mineurs délinquants sont passés devant la justice. Les multirécidivistes sont une minorité et représentent moins de 10% de la délinquance juvénile. Le téléspectateur suit donc trois "lascars" de 16 et 17 ans au tribunal de Melun lors de leurs divers passages devant un juge et un éducateur, mais aussi pendant leurs séjours dans des centres éducatifs dont ils fuguent régulièrement. Personnage central du documentaire, Anne Puig-Courage, la présidente du tribunal des mineurs de Melun, généreuse et enthousiaste, qui reconnaît avoir été "a priori très réticente" à propos de ce tournage. Au coeur du dispositif judiciaire se trouve une ordonnance de 1945, maintes fois remaniée, sur "l'enfance délinquante". "Beaucoup d'idées préconçues existent concernant cette ordonnance. Le traitement de la délinquance des mineurs est devenu un enjeu de pouvoir", estime Mme Puig-Courage. Cette ordonnance est de nouveau remise en question par les partisans du tout répressif. Le projet de loi Sarkozy en cours d'examen institue notamment la "présentation immédiate" des jeunes délinquants devant les magistrats pour mineurs, crée de nouvelles sanctions éducatives pour les mineurs à partir de 10 ans et rend possible la détention provisoire dès 13 ans. Forte de son expérience, elle affirme que "l'usage trop fréquent de la prison banalise la prison. On n'est ni naïf ni angélique, mais la voie uniquement répressive ne fonctionne pas". "Notre principal problème ce n'est pas le texte mais les moyens", insiste-t-elle. Lorsqu'une mesure est prononcée à l'encontre d'un mineur, il se passe 6 mois voire un an avant qu'il ne voie un éducateur... Pathétiques, émouvants et intelligents, ces trois "lascars" ont du mal à exprimer leurs dérives. Mais leurs répliques vives font souvent sourire. A ce jour, ils sont toujours sous suivi judiciaire et n'ont pas récidivé. A Melun, on compte cinq juges pour enfants. Au total en France il y a 400 juges des enfants pour 200.000 affaires, soit 500 dossiers par juge.

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