France 2
 

Rédaction
15 février 2007 à 03h00
France Télévisions a suspendu jeudi la participation d'Alain Duhamel sur ses antennes "jusqu'à la fin de la campagne électorale" en raison de son soutien à François Bayrou, quelques heures avant une émission au cours de laquelle le journaliste devait interroger le candidat UDF. Au nom des "principes d'indépendance et de neutralité", Alain Duhamel "ne participera pas à l'émission +A vous de juger+ (animée par Arlette Chabot,
NDLR) avec François Bayrou, programmée ce jeudi 15 février", indique un communiqué de France 2. "Par ailleurs, il n'interviendra plus sur les antennes
de France Télévisions jusqu'à la fin de la campagne électorale", explique France 2.
M. Duhamel "a pris position en faveur de la candidature de François Bayrou lors d'une réunion organisée à l'Institut d'études politiques de Paris en
novembre dernier, dont des extraits sont diffusés sur internet", ajoute la chaîne publique. Lors de la précédente campagne présidentielle en 2002, Alain Duhamel avait déjà été privé d'antenne par France 2, en raison du "risque d'ambiguïté" que représentait un livre d'entretien co-écrit avec le Premier ministre Lionel Jospin. La direction de France Télévisions souligne dans son communiqué qu'elle "a eu l'occasion de rappeler à plusieurs reprises que le service public se devait d'être irréprochable, tout particulièrement en période de campagne électorale, en respectant rigoureusement les principes d'indépendance et de neutralité dans ses journaux et magazines d'information". Dans une vidéo de son intervention à Sciences Po, postée sur le site internet Dailymotion il y a une semaine, M. Duhamel annonce au détour d'une phrase que François Bayrou "est quelqu'un qu'(il) aime bien et qu'(il) va voter pour lui".

Cette réunion, selon la vidéo, a eu lieu le 27 novembre à Sciences Po à Paris, devant des jeunes de l'UDF, en présence de Marielle de Sarnez, directrice de campagne de M. Bayrou. Interrogé par l'AFP, Alain Duhamel a fait savoir qu'il ne souhaitait "pas réagir pour l'instant" à la décision de France 2 et qu'il partait pour des vacances prévues de longue date. Au nom de ce même principe de neutralité, deux présentatrices de journaux télévisés du groupe public ont annoncé qu'elles se mettraient en congé d'antenne à la fin de ce mois et pendant le reste de la campagne présidentielle: Béatrice Schoenberg (France 2), épouse du ministre de la Cohésion sociale Jean-Louis Borloo, et Marie Drucker (France 3), en raison de sa liaison avec le ministre de l'Outre-mer François Baroin.
En outre la Direction de l’Information de RTL et Alain Duhamel ont décidé d’un commun accord d’interrompre, pendant le temps de la campagne pour l’élection présidentielle, l’éditorial diffusé quotidiennement à 7H40 sur l’antenne de RTL. Cette décision est motivée par le début de polémique engendrée par la prise de position pour un candidat exprimée par Alain Duhamel en novembre 2006, à l’occasion d’un débat devant des étudiants de Sciences Po.La Direction de l’Information de RTL maintient toute sa confiance à Alain Duhamel qui continuera à collaborer et à participer aux émissions de débat de la station. Alain Duhamel sera demain matin l’invité exceptionnel de Jean-Michel Aphatie à 7H50 sur RTL.

La société des journaliste de RTL a exprimé son soutien à la décision commune de la radio et du journaliste Alain Duhamel de suspendre ses éditoriaux pendant la campagne électorale, dans un communiqué jeudi. "La SDJ prend acte et se félicite" de cette décision, au nom du "principe
de neutralité de l'antenne de RTL, particulièrement en cette période électorale". "A ce titre, elle salue le sens de la responsabilité d'Alain Duhamel qui a tenu à préserver l'impartialité de l'antenne de RTL", souligne le communiqué.
De son côté, Jean-François Kahn, au nom de la rédaction de l'hebdomadaire Marianne, a condamné la suspension du journaliste des antennes de France
Télévisions, en s'exclamant : "Libérez Alain Duhamel!". "Ses éditoriaux depuis quelques temps évoluaient plutôt vers une préférence
pour Nicolas Sarkozy. Or nul n'aurait songé à le sanctionner pour cela", estime M. Kahn. Autrement dit, tous les journalistes (...) qui ne dissimulent pas leur sarkozysme militant, ont parfaitement le droit de manifester jour après jour leurs préférences mais le seul fait d'avoir incidemment, même de façon critique il y a quatre mois laissé entendre qu'on pourrait à la rigueur voter Bayrou vaut exclusion et supension", s'indigne M. Kahn.
Selon lui, "cela en dit long sur la mise en coupe réglée des médias, y compris ceux de service public".


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