France 3
 

Rédaction
14 avril 2007

"Le sang noir", roman culte des années 30 écrit par Louis Guilloux, est porté pour la première fois à l'écran, dans une adaptation courageuse mais qui ne parvient pas tout à fait à restituer l'ambiance de cette oeuvre noire et désespérée. "Le sang noir", écrit en 1935, diffusé ce soir à 20h50 sur France 3, raconte 24 heures dans une petite ville de province en 1917. Le lecteur suit Merlin (Rufus), un professeur de philosophie infirme, promis autrefois à un brillant avenir, mais qui végète à présent dans un lycée militaire. Ses élèves l'ont surnommé Cripure, par référence à "La Critique de la raison pure" d'Emmanuel Kant. Autour de lui gravitent Nabucet (Didier Sandre), lui aussi professeur, mondain et cultivé, mais hypocrite, envieux et lâche, le censeur Babinot (Michel Jonasz), patriote va-t-en guerre confit de bêtise, le surveillant Moka (Alexandre Carrière), pacifiste et éperdu d'admiration envers Cripure... Bien que l'action se déroule à l'arrière, la Grande Guerre est constamment présente: le fils de la concierge est une gueule cassée, le maire porte les lettres annonçant la mort des fils, les soldats se révoltent à la gare et l'écho des mutineries se fait entendre. Pour s'attaquer à cette oeuvre réputée inadaptable, en raison notamment de son foisonnement, les scénaristes Peter Kassovitz (également réalisateur) et Michel Martens ont réduit le nombre de personnages, qui sont plus d'une centaine dans le roman. "Le sang noir" marque également par son style, mélange de rigueur et de rage contenue. Un critique l'avait qualifié de "roman de la colère et de l'humiliation". L'adaptation télévisée est un brin classique et trop sage mais portée par l'interprétation au cordeau de tous les acteurs. A côté de Rufus, tour à tour pathétique et révolté, et de Didier Sandre, dont la suavité cache mal la lâcheté, Myriam Boyer donne une nouvelle fois la mesure de son talent. Elle campe Maïa, la paysanne qui vit avec Cripure. Elle parvient à faire de cette femme, rustre et traitée sans égard par son compagnon, un pilier de tendresse et d'humanité. "C'est un film sur la condition humaine, où chaque personnage a ses grandeurs et ses médiocrités", déclare la productrice Françoise Castro, qui porte ce projet depuis plusieurs années. Peter Kassovitz et Michel Martens ont révélé qu'ils avaient déjà discuté d'une adaptation dans les années 60.

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