Arte
 

Rédaction
12 juin 2007

Arte consacre à 20h40 une soirée "Thema" au populisme, phénomène politique apparu en Scandinavie dans les années 1970 et aujourd'hui présent dans toute l'Europe où il a réussi à imposer ses thèmes aux partis traditionnels, à l'instar de Jean-Marie Le Pen. En première partie de cette soirée baptisée "Au nom du peuple", la chaîne diffuse "La machine populiste", enquête fouillée sur la vague populiste qui a gagné une quinzaine pays européens. Arte met ensuite un coup de projecteur sur la Pologne avec "Citizens K", documentaire original retraçant la saga de Lech et Jaroslaw Kaczynski, les frères jumeaux à la tête du pays. Qu'est-ce que le populisme? Qu'ont en commun Jean-Marie Le Pen, leader du Front National, Filip Dewinter, du parti d'extrême droite flamand Vlaams Belang, et Volen Siderov, du parti bulgare Ataka? Culte du peuple, discours anti-élites, xénophobie, nationalisme: si le populisme apparaît comme un phénomène mutant, on y retrouve souvent les mêmes ingrédients, et un fil rouge, la désignation d'un ennemi intérieur. Ses précurseurs sont apparus dans les années 1970 au Danemark et en Norvège, mais c'est l'émergence du Front National français en 1983 à Dreux qui a donné son impulsion au mouvement. "Dès lors que le FN s'est imposé sur l'échiquier politique français, il a servi de locomotive aux populistes d'Europe, servant de modèle de stratégie d'intégration aux instances démocratiques", explique le réalisateur, Jean-Pierre Krief. "L'extrême-droite était jusque là mise à l'écart, constituée de groupuscules de type factieux et anti-parlementaires. L'influence de M. Le Pen, élu député européen en 1985, a normalisé sa présence au sein du système démocratique européen", poursuit-il. Les thématiques frontistes (immigration, identité nationale, retour à l'ordre...) ont ainsi été intégrées dans la plupart des grands partis politiques traditionnels, de droite comme de gauche. "Le FN a gagné sur le terrain idéologique, et les thèmes populistes ont triomphé en Europe", analyse M. Krief. Aujourd'hui c'est en Europe de l'Est que se développent les formes les plus spectaculaires du populisme. En Pologne, la victoire électorale des frères Kaczynski fait débat. Si leur discours en appelle au peuple, ils incarnent "un autre genre de populisme qu'on ne peut mélanger à l'extrême droite", souligne Georges Mink, co-auteur de "Citizens K". Ce politologue au CNRS les décrit comme des "démocrates paranoïaques" prônant un "conservatisme radical", genre politique hybride qui opère une synthèse de toutes les frustrations. Ils sont nationalistes mais "euro-réalistes", observe ainsi le chercheur. Les réalisateurs ont demandé à la "galaxie Kaczynski" de dépeindre elle-même les deux jumeaux, sans interroger leurs adversaires politiques. "Nous n'avons pas voulu exprimer nos opinions mais plutôt amener le téléspectateur à se faire sa propre idée", explique M. Mink. Le film porte un regard d'auteur sur l'histoire peu banale de ces deux personnages, en insistant sur leur parcours personnel. On apprend notamment qu'ils avaient joué à l'âge de 11 ans, dans un film à succès, le rôle de deux enfants méchants...

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