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Rédaction
3 septembre 2007

Chaque année 160.000 étudiants quittent l'université sans qualification. A-t-on pris la bonne mesure de l'ampleur de l'échec du système éducatif français ? Un documentaire coup de poing tourné pour Canal+ démontre étape par étape les absurdités du système. L'enquête, "Education nationale, un grand corps malade", menée pendant un an par Emmanuel Amara et Jean-Philippe Amar, ce soir sur canal+ à 20h55, dresse le constat accablant d'un fiasco, malgré des résultats au bac chaque année de plus en plus brillants (83,3% de reçus pour l'édition 2007). "On s'est vite rendu compte qu'il y avait des dysfonctionnements à tous les étages. Chaque témoignage étayait notre dossier", explique Jean-Philippe Amara. Petites phrases retenues au hasard dans le documentaire. "C'est une escroquerie monstrueuse de dire +vous avez le bac, vous allez en fac+", assène un professeur de lettres qui rappelle qu'en fac on compte 50% d'échec la première année. "Le bac présente un enjeu capital, c'est le paravent du désastre", renchérit de façon lapidaire un professeur de français, ajoutant: "Si on enlève le paravent, on va découvrir les ruines". Pour lui, le niveau bac + 5 actuel équivaut au niveau bac des années 60 et, au détour, on découvre tout sur les consignes de correction, souvent verbales, données aux profs. Une professeure d'anglais reconnaît en vouloir "énormément à l'école". "Il y a un crime qui a été commis", ajoute-t-elle. Elle donne à ses élèves des cours de grammaire française pour leur permettre d'apprendre la grammaire anglaise. A peine un quart des collégiens maîtrisent les enseignements de base. En poursuivant ce petit jeu de l'auscultation du système, on passe par les instituts de formations des maîtres (IUFM) créés en 1989 et quelque peu controversés, et on arrive en primaire. Là se pose la question des méthodes d'apprentissage. Notamment celui de la lecture, quand on sait que 15% des élèves entrent en sixième avec un niveau de lecture balbutiant. "Nous avons rencontrés des professeurs qui étaient éloquents, qui avaient un discours mais ne voulaient pas parler face à la caméra. Mais ils nous ont signalé des collègues qui avaient cette absolue nécessité d'exprimer leur malaise", dit Jean-Philippe Amar. Au final, "il y a des solution assez simples, mais c'est un tel Barnum à déplacer que rien n'est possible", ajoute-t-il. Selon lui, "la chance pour un gamin c'est encore de tomber sur le bon prof, sur celui qui réfléchit, qui dit non à ce qu'on lui propose dans les bulletins officiels et qui fait comme il le sent". Pour la chaîne cryptée, ce premier dossier donne le coup d'envoi d'une saison d'enquêtes sur des sujets sensibles comme l'injustice alimentaire, la vieillesse, la nouvelle population de travailleurs pauvres ou la vie après la prison.

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