Agence spatiale européenne
 

Rédaction
15 janvier 2008

L'Europe doit poursuivre ses vols habités dans l'espace, mais doit réfléchir à la manière dont elle doit le faire, a estimé à Paris au cours d'une conférence de presse le directeur général de l'Agence spatiale européenne (ESA), Jean-Jacques Dordain. "Un programme spatial sans vol habité me semble boiteux", a affirmé M. Dordain, "il faut que l'Europe garde ou augmente son activité" dans ce domaine. A près de quatre semaines du lancement du laboratoire européen Columbus vers la Station spatiale internationale (ISS), accompagné de deux astronautes de l'ESA --l'Allemand Hans Schlegel et le Français Leopold Eyharts--, le directeur général a déclaré que l'Europe devait "réfléchir" à la forme que prendrait dans le futur sa présence humaine dans l'espace. "Il faut inventer l'avenir des vols habités", a-t-il dit. Mais "le rôle de l'Europe dans ces vols sera différent si l'on se lance ou pas dans un programme de système de transport d'équipage". Les astronautes européens empruntent aujourd'hui les véhicules spatiaux américain (navette) et russe (Soyouz). L'ESA, a-t-il rappelé, envisage une association avec les Russes pour un nouveau véhicule. Un projet d'avion spatial européen, Hermes, conçu au départ par le Centre national d'études spatiales français (Cnes) en 1976, avait été intégré aux programmes de l'ESA en 1987, avant d'être abandonné en 1992. M. Dordain s'est par ailleurs révolté contre l'idée d'un abandon trop hâtif de l'ISS alors que les vols de navettes américaines doivent s'arrêter en 2010. "Si l'on met le mot +fin+ à l'exploitation de la station spatiale internationale avant même de l'exploiter, ce n'est pas le meilleur moyen d'attirer les scientifiques", a-t-il souligné en annonçant qu'une discussion aurait lieu au printemps avec les partenaires "sur le calendrier d'exploitation". Columbus, a-t-il rappelé, a coûté plus d'un milliard d'euros, et a permis de développer "expertise et technologie", avec déjà des "bénéfices sur investissement". "Je suis persuadé qu'un accès continu dans l'espace va permettre de faire des avancées scientifiques et technologiques majeures", a-t-il poursuivi. L'astronaute Léopold Eyharts doit y passer au moins deux mois après l'installation du laboratoire Columbus. "On ne fait de véritables avancées scientifiques qu'en multipliant les expériences" et pour cela, "des années d'accès en continu dans un environnement en microgravité auquel on n'a pas accès sur terre est essentiel pour les scientifiques", a-t-il martelé. En ce qui concerne la Lune, il a noté que sur les 70 propositions de projets scientifiques reçues par l'ESA pour son programme "Cosmic Vision" pour les années 2015 à 2025, "aucune ne concernait la Lune". "La Lune n'intéresse pas les scientifiques. Mars, oui", a-t-il remarqué, en estimant que l'exploration de la Lune relancée par certains pays comme les Etats-Unis ou la Chine, avait essentiellement "un intérêt politique, institutionnel, technologique", peut-être comme champs de démonstration pour une mission vers Mars.

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