Medias / Presse
 

Rédaction
13 avril 2008

Au nom de la "liberté de la presse", le journal bruxellois Le Soir a choisi de publier samedi une interview du leader d'un groupe de rock belge, trois jours avant la date fixée par écrit avec la maison de disques Universal sous peine d'amende. Pour un entretien avec Tom Barman, du groupe dEUS, qui sort un nouvel album, Universal Music Belgique avait imposé à un journaliste du Soir la signature d'un contrat fixant un embargo, assorti d'une amende de 25.000 euros en cas de publication prématurée, a expliqué le journal francophone. Après réflexion, Le Soir a refusé de se plier à cette "première" en Belgique, consistant à menacer un média d'une pénalité financière pour non respect d'un embargo de publication dans le secteur de la production musicale. Dans un éditorial, la rédactrice en chef Béatrice Delvaux a expliqué que Le Soir a pris cette décision pour défendre "la liberté de la presse", "prenant le risque d'une procédure judiciaire (...) pour forcer la réflexion et le débat dans un univers culturel, musique ou cinéma, qui enferme de plus en plus des journalistes soumis à une pression insupportable". Le directeur marketing d'Universal Belgique, Niels Derckx, a justifié cette pratique inédite par le fait qu'un embargo pour la sortie du précédent disque de dEUS, il y a trois ans, n'avait pas été respecté. "Cette fois-ci, nous n'avons pas voulu prendre de risques", a-t-il expliqué au Soir. Citée également par Le Soir, l'Association des journalistes professionnels de Belgique (AGJPB) a dénoncé les "conditions insupportables" posées par la maison de disque. Dans un entretien séparé, Filip Vanes, manager entre autres de la chanteuse Axelle Red, estime au contraire "que l'artiste ne peut pas rencontrer toute la presse en un jour, et donc il faut imposer des embargos afin de rassembler les articles dans une même période qui coïncide avec la sortie du disque". Selon un avocat interrogé par Le Soir, Alain Berenboom, "ce n'est pas l'embargo qui pose problème mais bien sa formulation écrite et surtout la clause glissée par Universal".

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