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Rédaction
10 juin 2008
"L'avocat de la terreur", documentaire de Barbet Schroeder diffusé ce soir à 22h45 sur Canal+, retrace le parcours sulfureux de l'avocat français Jacques Vergès, qui a embrassé tous les tourments du XXe siècle et fascine certains pour raisons géopolitiques et philosophiques. La guerre d'Algérie, l'internationalisme marxiste, la cause palestinienne et les connexions qu'elle induit entre ultragauche et extrême-droite, le nazisme, le génocide cambodgien, le terrorisme islamique... Les pas de Jacques Vergès ont emprunté les sentiers les plus brûlants du siècle. C'est là que réside le principal intérêt de ce film de 02H15, au-delà de la seule personnalité de l'avocat. Car le propos de Barbet Schroeder, qui avait déjà signé un documentaire sur Amin Dada en 1974, est de suivre l'histoire du terrorisme contemporain à travers le parcours de Vergès. Ce dernier a longuement témoigné pour "L'avocat de la terreur", aux côtés de nombreux intervenants, dont l'Allemande Magdalena Kopp, terroriste d'extrême gauche et première épouse du terroriste vénézuélien Carlos que Vergès a défendue et dont il était amoureux. Carlos, le terroriste libanais Anis Naccache, le nazi Klaus Barbie, le Serbe Slobodan Milosevic ou l'ancien vice-Premier ministre irakien Tarek Aziz ont aussi compté parmi ses clients.

Il a commencé sa carrière en défendant Djamila Bouhired, poseuse de bombes du FLN et passionaria de l'indépendance algérienne, qu'il a épousée après l'avoir sauvée de la peine de mort et en avoir fait un emblème des luttes pour l'indépendance. Cet engagement pro-algérien est viscéral chez Vergès: le seul moment du film où on le voit fendre la carapace est celui où, en larmes, il avoue qu'il aurait été capable de tuer des personnalités comme le général Massu si Djamila Bouhired avait été exécutée. Celui que son amie Rolande Girard-Arnaud décrit comme "éperdument sentimental" épouse ensuite la cause internationaliste, celle de la Chine maoïste et du FPLP palestinien. Et puis, le fameux "trou" de huit ans. Entre 1970 et 1978, Vergès laisse femme et enfants et disparaît. Il appelle cette période ses "grandes vacances" et, manifestement jaloux de sa légende, laisse planer le mystère. Le film dresse quelques hypothèses: un séjour dans le Cambodge de Pol Pot et des Khmers rouges, des activités en relation avec le terrorisme palestinien ou des raisons personnelles liées à Moïse Tshombé, assassin présumé du Congolais Patrice Lumumba. Un agent du SDECE (ancêtre de la DGSE) qui témoigne dans le film laisse même entendre que Vergès aurait fait du renseignement pour les services secrets français. "L'avocat de la terreur" fait en outre ressortir certains des aspects les plus narcissiques de la personnalité de Vergès.
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