Politique
 

Rédaction
2 juillet 2008 à 08h00
Le président de France Télévisions Patrick de Carolis a estimé ce matin sur RTL que "le compte n'y était pas" concernant le financement de la suppression de la publicité dans l'audiovisuel public et a exprimé son désaccord avec Nicolas Sarkozy sur la qualité des programmes du service public. Sur le plan financier, "j'estime aujourd'hui, d'après les déclarations des uns et des autres, que le compte n'y est pas, j'estime aujourd'hui que nous n'avons pas les moyens de nos ambitions futures", a déclaré M. de Carolis, prenant pour la première fois ses distances avec la réforme en cours de l'audiovisuel public. Le président de France Télévisions a ajouté qu'il allait mettre "toute son énergie" à "travailler sur un plan d'affaires pour les prochaines années" avec la ministre de la Culture Christine Albanel, conformément à la demande du président de la République. "A la fin de l'été, courant septembre, nous verrons si le compte y est", a-t-il expliqué, ajoutant : "s'il n'y est pas, je prendrai mes responsabilités". Nicolas Sarkozy a justifié lundi son projet de suppression de la publicité sur la télévision publique par la nécessité de la libérer de la "tyrannie de la publicité" afin d'améliorer la qualité de ses programmes, selon lui trop proches de ceux des chaînes privées. Invité à dire ce qu'il pensait du jugement du chef de l'Etat, M. de Carolis a répondu : "Pas du bien. Je ne suis pas d'accord avec lui. Je le lui ai dit d'ailleurs, on s'est expliqué très franchement". "Lorsqu'on dit qu'il n'y a pas de différences entre la télévision de service public et les télévisions privées, je trouve cela faux, je trouve cela stupide, et je trouve cela profondément injuste", a-t-il ajouté. "Depuis trois ans avec (le directeur général) Patrice Duhamel, avec les équipes de France Télévisions, nous nous efforçons de faire une télévision respectable et j'entends qu'elle soit respectée", a-t-il martelé, ajoutant qu'il était "bon qu'on laisse travailler les professionnels". Il a ajouté vouloir défendre des collaborateurs "inquiets pour leur avenir, à juste titre". Le président de France Télévisions a cependant "salué le travail de la commission Copé (sur l'avenir de l'audiovisuel public) et certaines de ses préconisations" ainsi que "certaines pistes qu'a retenues le président de la République", dont celle concernant la création d'une entreprise unique. Alors que Nicolas Sarkozy a qualifié "d'hypocrisie totale" le système actuel de nomination du président de France Télévisions par le Conseil supérieur de l'audiovisuel, M. de Carolis s'est dit "très fier d'avoir été élu" par le CSA, affirmant avoir été désigné alors que l'Elysée, Matignon et le ministre de la Culture de l'époque "ne le soutenaient pas". Le président de la République a souhaité que le président de France Télévisions soit désormais nommé directement par l'exécutif. Interrogé pour savoir si, après ces propos, M. de Carolis serait président de France Télévisions au moins jusqu'à la fin de l'été, il a répondu après un silence : "je pense".
De son côté, Jean-François Copé (UMP) a affirmé qu'il serait "le garant des engagements sur le financement" de France Télévisions après la suppression de la publicité, en réponse au président de l'audiovisuel public Patrick de Carolis, qui a estimé mercredi que "le compte n'y était pas". "Je serai le garant des engagements de la commission sur la télévision publique, sur le projet, sur le contenu, sur le modèle culturel, de création et sur le financement", a déclaré le président du groupe UMP à l'Assemblée nationale, qui a remis la semaine dernière au président de la République le rapport de sa commission pour une nouvelle télévision publique. "Il est normal qu'il y ait des inquiétudes. Mais on ne peut pas dire que le compte n'y est pas. Quand on regarde le rapport précisément -et Patrick de Carolis le sait-, il y a tous les éléments, non seulement pour financer la compensation de la suppression de la pub mais même pour financer le développement de France Télévisions", a ajouté M. Copé. "Il est normal qu'aujourdhui il y ait des passions. Je propose que cela soit mis à profit pour que les esprits s'apaisent, pour que l'on discute tranquillement", a conclu le député de Seine-et-Marne.
Quant à Henri Guaino, conseiller spécial de Nicolas Sarkozy, il estime qu'"il faudra probablement renommer les dirigeants de France Télévisions" au moment du changement de statut du groupe audiovisuel, "probablement avant la fin de l'année". "Il faudra probablement renommer les dirigeants de France Télévisions quand on va changer le statut de France Télévisions pour faire une entreprise unique", a déclaré M. Guaino sur RMC.
Cela se fera "probablement avant la fin de l'année. Mais ça ne veut pas dire que l'équipe en place ne sera pas reconduite d'ailleurs...", a-t-il
ajouté. "J'ai entendu le président de la République l'autre jour pendant la remise du rapport Copé renouveler sa confiance à Patrick de Carolis et à Patrice Duhamel pour mener à bien la réforme. Donc voilà, il n'y a aujourd'hui rien de décidé, rien d'acquis dans ce domaine, nous verrons bien. Il y aura une décision à prendre au moment du changement de statut, voilà", a conclu le conseiller spécial du président de la République.

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