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Rédaction
4 janvier 2009 à 03h00
La publicité disparaîtra des écrans des chaînes publiques après 20H00 à partir de lundi, une mesure qui bousculera l'ordonnancement des soirées télévisées et dont les conséquences économiques demeurent difficilement prévisibles. Adopté par l'Assemblée nationale, le projet de loi réformant l'audiovisuel public sera examiné par le Sénat à partir du 7 janvier. Mais le conseil d'administration de France Télévisions en a anticipé la principale mesure -- la suppression de la publicité sur les chaînes du groupe (France 2, France 3, France 4, France 5, France ô) entre 20H00 et 6H00 du matin --, qui s'appliquera dès le 5 janvier.
Les programmes et notamment les tranches d'informations de France 3 pourraient être perturbés par un appel à la grève lancé par plusieurs syndicats de la chaîne pour le 5 janvier. Un autre appel à la grève, à France 2 cette fois, a été lancé pour la journée de mercredi, début de l'examen au Sénat du projet de loi. Prélude à une suppression totale de la pub d'ici fin 2011, cette disparition partielle aura comme effet le plus évident la disparition du long tunnel publicitaire qui, à l'issue du journal de 20H00, précède le début des programmes de soirée.
France Télévisions a annoncé des soirées dès 20H35, avec des réactions diverses de la part des chaînes privées. M6 s'alignera sur les nouveaux horaires du service public, mais TF1 se veut plus "pragmatique". Selon son PDG, Nonce Paolini, les Français préfèrent les programmes qui débutent à 20H50. Affranchi de la dictature de l'audience, France Télévisions souligne sa volonté de développer des programmes plus exigeants culturellement.
France 2 proposera dès le 5 janvier à 20H35 un magazine consacré à la découverte des Dogons du Mali aux côtés du comédien Edouard Baer. Privé de recettes publicitaires, le service public recevra chaque année une compensation qui s'élèvera pour 2009 à 450 millions d'euros. Un engagement qui n'a pas suffi à calmer l'inquiétude des auteurs et producteurs de programmes. Délégué général de l'Union syndicale de la production audiovisuelle (USPA), Jacques Peskine assure que les unités de production des chaînes publiques "ont vu leurs autorisations d'engagement diminuer de 20 à 30%" depuis mars. Autre sujet d'inquiétude, la transformation, prévue par le projet de loi, de France Télévisions en société unique. Les créateurs de programmes craignent d'être confrontés à un "guichet unique", avec moins d'opportunités pour proposer leurs oeuvres.
Mais la polémique la plus vive concerne l'article du projet de loi permettant à Nicolas Sarkozy de nommer et révoquer directement les présidents des sociétés de l'audiovisuel public (France Télévisions, Radio France, Audiovisuel extérieur de la France), l'opposition y voyant un retour au temps de l'ORTF. Alors que le service public perd sa publicité, un décret daté du 19 décembre a augmenté de six à neuf minutes par heure la durée des écrans publicitaires des grandes chaînes privées. Bientôt autorisées également à introduire une deuxième coupure publicitaire dans les films et oeuvres de fiction, ces chaînes réfutent l'idée de tout "cadeau" gouvernemental et invoquent la crise économique, synonyme de marasme pour le marché publicitaire. Selon les spécialistes, ce sont les nouvelles chaînes gratuites de la TNT qui profiteront en priorité de ce marché élargi. Le décret du 19 décembre leur accorde 12 minutes de publicité par heure.
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