Rédaction
20 février 2002

Plusieurs organisations du milieu du cinéma ont adressé des lettres au Premier ministre Lionel Jospin et au président du Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) Dominique Baudis, inquiètes d'un accord entre le groupe AB et CanalSatellite pour la diffusion de chaînes cinéma. Le bureau de liaison des organisations du cinéma (BLOC), l'Union des producteurs de films (UPF) et la société civile des auteurs-réalisateurs-producteurs (ARP) s'inquiètent dans ces courriers d'une délocalisation à l'étranger de chaînes françaises et demandent aux autorités de s'interroger sur l'équilibre entre les modes de diffusion et sur la régulation. L'accord entre le groupe AB et CanalSatellite pour la diffusion en France de plusieurs chaînes dédiées au cinéma "n'a pas manqué de nous inquiéter tant le groupe AB a su par le passé pratiquer une politique de délocalisation afin d'échapper à la réglementation française", écrit l'ARP à Lionel Jospin. "Nous avons appris que le groupe AB s'était vu délivrer au mois d'août 2001 par le service des médias et des communications du Grand-duché du Luxembourg une autorisation d'émission pour six chaînes payantes consacrées au cinéma. Si un tel projet voyait le jour, il consacrerait les politiques de délocalisation et produirait un effet de dominos sur la régulation de l'ensemble des opérateurs audiovisuels, portant ainsi atteinte à l'édifice patiemment construit en France", selon l'ARP. Vendredi, AB Groupe avait confirmé à l'AFP qu'il étudiait la création de chaînes thématiques dédiées au cinéma mais a "démenti formellement vouloir les diffuser depuis le Luxembourg". Le groupe AB "prend manifestement prétexte de la délocalisation de ses chaînes pour s'affranchir d'un système qui a permis l'essor et le rayonnement de notre industrie cinématographique", selon la lettre envoyée par le BLOC au Premier ministre. Le BLOC demande que le gouvernement "déclare inéligible à la télévision numérique terrestre toute chaîne et opérateur ayant enfreint les lois et les accords en vigueur". "Que ces chaînes soient reprises par un des principaux opérateurs télévisuels français laisse la porte ouverte à tout débordement de la part des tous les acteurs de notre paysage audiovisuel", estime de son côté l'UPF dans une missive adressée au président du CSA.

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