Justice
 

Rédaction
25 mars 2009

Six mois de prison avec sursis ont été requis par le tribunal correctionnel de Toulouse contre une journaliste pour un reportage sur M6 sur la "suspension", pratique consistant à suspendre une personne à l'aide de crochets plantés dans la peau du dos. "Ce reportage était fait pour dénoncer ces pratiques et non les cautionner", a reconnu la vice-procureure Brigitte Lanfranchi, qui a cependant demandé la condamnation de la journaliste, "pour avoir provoqué cette infraction par besoin professionnel", ainsi qu'une amende de 3.000 à 4.000 euros. La journaliste, qui travaillait pour l'agence de production TAC Presse, est poursuivie pour "complicité de violence volontaire avec arme, en l'occurrence des crochets, et en réunion" pour avoir, selon le parquet, tenu "un rôle d'incitation". Dans un reportage diffusé le 8 octobre 2006 sur M6 pour l'émission Zone interdite, la journaliste, Isabelle Cottenceau, voulait dénoncer les méfaits de la suspension, ce qu'elle répète depuis le début de l'instruction. "Isabelle Cottenceau n'est pas complice de quoi que ce soit et il n'y a pas de complaisance dans son reportage", a déclaré au cours de sa plaidoirie Me Richard Malka, avocat de la journaliste. "Ce serait une première dans les annales judiciaires, a-t-il dit, jamais un journaliste n'a été condamné pour complicité de violence volontaire pour avoir fait son métier". "Ce n'est pas le procès du droit à l'information", a déclaré Alexandre Martin, l'avocat du père de l'adolescent, partie civile qui a réclamé 5.000 euros de dommages et intérêts. Outre la journaliste, quatre autres personnes étaient poursuivies pour "violence volontaire" pour avoir participé à la suspension, en août 2006 à Toulouse. Un an et 2.000 euros d'amende ont été requis contre celui accusé d'avoir organisé l'événement, 4 mois contre deux personnes qui l'ont aidé, et 3 mois contre la personne qui a prêté l'appartement. Toutes les peines requises sont assorties du sursis. Pour la défense, qui a demandé la relaxe de l'ensemble des prévenus, "le chef de violence n'est pas caractérisé dans le dossier et ne peut pas être retenu" car, selon Me Simon Cohen, avocat de Juan Antonio Toribo propriétaire d'un magasin de piercing de Toulouse, "la violence s'agit contre la volonté de quelqu'un et avec de la force ou de l'intimidation". Or l'adolescent, qui avait décidé de "s'offrir une suspension" à trois semaines de son dix-huitième anniversaire, avait produit un accord par écrit de sa mère. Le tribunal a mis sa décision en délibéré au 12 mai.

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