Europe
 

Rédaction
28 mars 2009

Les gouvernements ou sociétés privées qui coupent à titre punitif l'accès à internet violent le droit d'accès à l'éducation des personnes, a estimé le Parlement européen, s'opposant du même coup à un projet de loi discuté en France. Dans un rapport consacré au "renforcement de la sécurité et des libertés fondamentales sur internet", les eurodéputés considèrent que "garantir l'accès de tous les citoyens à internet équivaut à garantir l'accès de tous les citoyens à l'éducation". Par conséquent, "un tel accès ne devrait pas être refusé comme une sanction par des gouvernements ou des sociétés privées". Le texte a été adopté par 481 voix contre 25 et 21 abstentions. Un amendement déposé, entre autres, par les eurodéputés français Jean-Marie Cavada et Jacques Toubon qui visait à vider de son sens ce point du rapport, a été rejeté. "L'illettrisme informatique sera l'illettrisme du 21e siècle", justifie l'auteur du rapport adopté par le Parlement européen, le socialiste grec Stavros Lambrinidis. Selon lui, "la tentation de couper l'accès à internet peut être comparée à l'interdiction de suivre des études au cours des siècles précédents". Une vision radicalement opposée à celle de la ministre française de la Culture Christine Albanel: son projet de loi "Diffusion et protection de la création sur internet" vise à lutter contre le téléchargement illégal d'oeuvres culturelles par une "riposte graduée" (envoi d'une série d'avertissements aux pirates puis suspension de l'abonnement à internet en cas de récidives). Lors du début de l'examen du texte il y a deux semaines par l'Assemblée nationale, Mme Albanel avait précisément soutenu que l'accès à internet ne pouvait pas "être considéré comme un droit fondamental", précisant qu'on pouvait avoir accès à internet "partout ailleurs" que chez soi. Au ministère de la Culture, on relativisait jeudi l'importance de l'adoption de ce rapport par le Parlement européen. "Sur la forme, c'est un rapport sans portée juridique. Sur le fond nous ne partageons pas l'analyse de ce texte", indiquait-on au cabinet de la ministre. L'Assemblée nationale française doit reprendre le 30 mars l'examen du texte controversé.

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