Europe
 

Rédaction
13 juin 2009

La Commission européenne s'est montrée sceptique après l'annonce par Microsoft qu'il commercialiserait en Europe son système d'exploitation Windows 7 sans son navigateur Internet Explorer intégré, mesure censée atténuer les critiques de Bruxelles. Dans un communiqué publié tard jeudi, la Commission européenne rappelle qu'elle doit "bientôt décider", dans le cadre d'une enquête antitrust, "si Microsoft a agi de façon abusive" en intégrant jusqu'ici Internet Explorer à son système d'exploitation vedette, et ce depuis 1996. Si c'était le cas, les "remèdes potentiels" que le géant américain des logiciels serait appelé à appliquer devraient permettre d'"avoir un choix de navigateurs, pas que Windows soit fourni sans aucun navigateur", souligne la Commission. Elle rappelle que cette nécessité d'offrir un plus grand choix était l'un des points qu'elle avançait dans la "communication de griefs" qu'elle avait transmise au géant américain des logiciels en janvier. La Commission reconnaît néanmoins que pour les ventes de Windows 7 aux fabricants de micro-ordinateurs - par opposition aux ventes au détail - "la proposition de Microsoft est potentiellement plus positive", puisqu'"il semble que les fabricants pourraient choisir d'installer eux-mêmes Internet Explorer, un autre navigateur, ou plusieurs navigateurs". Mais si elle jugeait prochainement que Microsoft s'est comporté de façon abusive, la Commission souligne qu'elle devrait "examiner alors si cette proposition suffit à elle seule pour créer un choix suffisant sur le marché des navigateurs", et qu'elle "prendrait en compte entre autres la durée du comportement de Microsoft" En intégrant systématiquement Internet Explorer à son système d'exploitation Windows, qui équipe quelque 90% des PC dans le monde, Bruxelles estime que Microsoft a accordé à ce navigateur un avantage déloyal face à ses concurrents, comme Firefox (de la fondation Mozilla), Chrome (de Google), ou encore Opera du norvégien Opera Software, à l'origine de la plainte contre Microsoft. Ce contentieux sur l'intégration d'Internet Explorer dans Windows est le grand dossier opposant actuellement les services de la concurrence de la Commission européenne à Microsoft, déjà lourdement sanctionné par Bruxelles pour d'autres affaires d'abus de position dominante par le passé. Pour des faits similaires concernant le lecteur multimédia MediaPlayer, qui s'ajoutaient à l'accusation de ne pas fournir assez d'informations techniques sur Windows à ses concurrents pour leur permettre de développer des logiciels compatibles, Microsoft s'était vu infliger en mars 2004 une amende de 497 millions d'euros. La plus forte jamais imposée par Bruxelles à une entreprise pour un abus de position dominante. En septembre 2007, cette condamnation avait été confirmée par la Cour européenne de justice, et le manque de coopération de Microsoft lui avait valu de voir sa note alourdie à un total de 1,676 milliard d'euros. Un appel du groupe pour une partie de cette amende est encore en cours d'examen par la justice européenne.

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