Espagne
 

Espagne: des responsables de la radio Cadena SER condamnés à la prison

Rédaction
24 décembre 2009 à 01h00

Deux hauts responsables de la grande radio espagnole privée Cadenar SER ont été condamnés par un tribunal madrilène à 21 mois de prison pour "révélation de secrets" sur internet, un verdict inédit en Espagne, a annoncé la radio. Son directeur, Daniel Anigo et le directeur de l'information, Rodolfo Irago, ont été condamnés pour avoir publié en 2003 sur le site internet de la SER une liste 78 personnes affiliées de façon irrégulière au Parti populaire d'opposition (PP, droite) dans la région de Madrid. Le juge a estimé que le droit à l'information, protégé par la Constitution, s'appliquait à la télévision, à la radio et à la presse écrite mais pas de la même façon à l'internet, selon la SER, qui fait partie du groupe Prisa (quotidien El Pais). La radio, qui a interjeté appel, a fait partie de sa "perplexité" devant cette sentence inédite qui, selon elle, constitue "une claire atteinte à la liberté d'expression et d'information et représente un risque sans précédent pour l'exercice de la profession de journaliste". Selon le tribunal, l'internet ne serait pas stricto sensu un moyen de "communication sociale" comme la radio ou la télévision, mais un vecteur de diffusion "universel", non protégé pas les garanties constitutionnelles. Le juge a par ailleurs estimé dans son verdict controversé que si la dénonciation des irrégularités était une "information", la publication de la liste sur internet n'en était pas une et constituait donc un délit de "révélation de secrets". Les deux responsables de la SER ont en outre été condamnés à indemniser lourdement les plaignants, dont les noms figuraient sur la liste, et le tribunal leur a interdit d'exercer la profession de journaliste pendant les 21 mois de leur condamnation. L'Association de la presse madrilène (APM) et la Fédération des associations de journalistes en Espagne (FAPE) ont immédiatement condamné mercredi soir dans un communiqué cette "sentence inédite, démesurée et ahurissante". Rappelant que la Constitution protège la libre diffusion d'informations via "l'écrit, la parole ou tout autre moyen", elles demandent à la justice de renverser rapidement ce jugement qui, selon elles, "conspire contre la liberté".

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