Radio numérique
 

TMP, RNT : l'impasse !

Rédaction
31 mars 2011 à 09h52  
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Le numérique depuis plus de 20 ans a commencé à s'imposer dans toutes les sphères de l'audiovisuel... et petit à petit, avec un rythme de plus en plus frénétique, a envahi aussi bien le domaine de la production que de la diffusion audiovisuelle.

Toutes les régies de radio et de télévision, tous les enregistrements sont « passés » au numérique... finies les bandes magnétiques, magnétophones et autres magnétoscopes , vive les disques durs, et autres DVD ou Blu-Ray ! Dans les transmissions des signaux, c'est pareil : tout a commencé par les transmissions numériques par satellite, par câble (coaxial ou fibre) et les réseaux téléphoniques filaires (ADSL), auxquels se sont ajoutés les réseaux hertziens , téléphoniques comme le GSM (2G/ 3G) ou informatiques comme le Wi-Fi et le Wimax . En dernier, ce sont les réseaux hertziens terrestres traditionnels, qui servent à la diffusion de la télévision et de la radio depuis leur création, qui « se numérisent ». En France, la TNT a été lancée précisément il y a six ans ( 31 mars 2005), et la disparition totale de la diffusion analogique est programmée pour la fin de cette année... Le succès de ce transfert, qui permet à tous les téléspectateurs de tripler le nombre de chaînes reçues, de passer à la HD et de bénéficier globalement d'une meilleure qualité d'image et de son, n'est plus remis en question. Même si, on le constate, les réseaux de réception que sont le satellite - qui garantit, partout sur le territoire, quelque soit le lieu de résidence, une réception parfaite des signaux -, le câble numérique et l'ADSL constituent un complément indispensable et incontournable.

Reste que la radio par voie hertzienne terrestre demeure en analogique, que ce soit en FM, en ondes longues, moyennes ou courtes... Les tentatives de la « passer en numérique » ( « Radio Numérique Terrestre » : « RNT » ) sont , quasiment partout dans le monde, à quelques rares exceptions près, un échec patent. On pourrait longtemps épiloguer sur les raisons de ce « naufrage numérique » au bénéfice d'une FM triomphante : en bref, les auditeurs se contentent très bien de ce réseau analogique, malgré ses défauts techniques que l'on connaît bien ... De plus, les nouvelles applications radio, que sont essentiellement les podcasts, ne passent pas par la diffusion en direct mais par l'audition à la carte : ces nouveaux usages, comme le streaming traditionnel, utilisent les nouveaux réseaux numériques, que sont l'ADSL en réception fixe, ou la 3G en mobile via les incontournables smartphones. Dans ces conditions , quel progrès pourrait apporter un réseau numérique hertzien terrestre qui ne ferait que du flux en direct ? En fait aucun, si ce n'est un petit plus qualitatif pour l'audio , et éventuellement quelques informations complémentaires en vidéo fixe ; autant de services qui sont largement fournis par les transmissions ADSL et en 3G.

Pour la TMP (« Télévision Mobile Personnelle »), les difficultés sont similaires : le réseau de diffusion hertzien terrestre de télévision vers les mobiles qui a été envisagé, outre son coût important pour les opérateurs , ne proposerait que du flux... rien de plus ! Or les nouveaux usages télévisuels sont essentiellement basés sur la vidéo à la demande, ce que permettent tous les réseaux numériques existants (ADSL et 3G) aussi bien pour les écrans fixes, que les « smartphones » mobiles. Dans ce cas également , la TMP ne correspond pas aux attentes des consommateurs.

« RNT » et « TMP » sont donc dans une impasse technologique : il aurait fallu les lancer il y a 10 ans, voire plus, alors que le marché du flux était le seul... Désormais, avec l'audio et la vidéo à la demande qui consacrent l'interactivité de l'auditeur et du téléspectateur, ils sont devenus inutiles et superflus , totalement inadaptés aux nouvelles habitudes de consommation.

Rédaction : Gilbert Draner

11 commentaires

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kinox - Il y a 13 ans
Votre approche est très parisienne.
la RNT permettrait un net elargissement de l'offre en province.
Sur l'Agglo de Valence-Romans par exemple nous ne recevons ni RTL2, ni RFM, ni BFM, ni Scoop (radio regionale)
La faute à une bande FM saturée !
Ecoutant la radio en voiture, je ne dispose d'aucune alternative.
Alors vivement la RNT pour une égalité de traitement sur tout le territoire.
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Dr Azevedo - Il y a 13 ans
Ce que vous dites est très vrai, sauf que ce n'est pas qu'un problème de mode d'utilisation. l'introduction de la RNT et de la TMP remettrait en cause le monopole de la diffusion numérique de certains groupe audiovisuels et télécoms et ceci ne peut être remis en cause étant donné la situation politique actuelle ... il faut attendre l’après Mai 2012...
Un autre point qui caractérise le problème est l'absence d'innovation dans les contenus de l'offre pour la TMP/RNT, on se contente de dupliquer ce qui existe .... et c'est bien là le problème. il faudrait envisager d'autres applications que la simple diffusion Video/Audio et peut être donner un caractère utilitaire à ces réseaux de diffusion....aujourd'hui nous sommes quasi obligé de nous faire spolier par un opérateur telecom si on veut des infos utiles du type météo, trafic routier, transport etc ..... il n'y a qu'a repenser à ce qui s'est passé l’hiver dernier pour comprendre qu'il manque quelque chose ds ce pays .....
m
merinos - Il y a 13 ans
+1 à kinox.

la RNT, c'est:
- une réception gratuite (hormis l'achat de la radio et la redevance)
- une réception anonyme (aucune traçabilité)
- une diffusion broadcast (nombre illimité de récepteurs dans un endroit donné)
- une réduction importante des frais de diffusion pour les stations
- un large choix de postes de radio: http://www.digicomparison.com/dabplus.html

pour l'anecdote, il y a quelques années dans le 9-3, il m'a été possible de recevoir les radios de Radio France avec une radio DAB (en bande III et L) achetée... en Suisse!
J
Jean - Il y a 13 ans
Un échec patent? Ici en Suisse, la radio numérique fonctionne très bien. Certes, il faudrait davantage de paquets numériques pour pouvoir reloger tous les programmes émettant encore en FM analogique, mais au niveau de la qualité, il n'y a pas photo. Je n'écoute plus la FM que sur mon radio-réveil et dans la voiture, parce que les appareils n'ont pas le DAB, mais sinon c'est numérique à 100%.

En France, en revanche, ce sera certainement un échec si on s'entête à introduire un système qui n'est utilisé nulle part ailleurs en Europe.
P
Philippe Chapot - Il y a 13 ans
Bonjour,

En effet, votre approche est très étroite. L'IP n'est et ne sera qu'un complément pour les radios et les télé. Si vous aviez participé aux RadioDays Europe à Copenhague vous auriez compris que l'ensemble des acteurs européens sont unanimes sur le fait que la colonne vertébrale de la radio restera le hertzien et que la seule option est la RNT.

L'impasse en France est due à 12 stations qui ne veulent pas voir de concurrence, ce que je comprends en terme de stratégie. Mais il y a derrière tout cela 900 autres stations qui aimeraient bien se développer ou simplement être entendue dans leur ville, région, territoire...

Cordialement,

Philippe Chapot
http://www.radio-numerique.fr
J
JMC - Il y a 13 ans
Entièrement d'accord, qu'on adopte le DAB+ en France et la RNT decollera.
C'est marrant mais on lisait des commentaires de ce genre contre la TNT avant son lancement.
La radio numérique doit rester gratuite, l'adsl et la 3g ne seront que complémentaire.
Beaucoups de régions et de villes on une offre réduite voir très, il ne faut pas l'oublier.
D
Docteur Justice - Il y a 13 ans
La RNT est un échec pour une raison toute simple : une norme franco-française.
Ce qui veut dire :


- Un équipement plus cher pour les radios
- Des récepteurs plus chers
- Des récepteurs inutilisables à l'étranger et inversement
- Une bande passante gaspillée inutilement (5 protocoles d'encapsulation ! C'est le plus mauvais rapport débit réel / bande passante)
- Un nombre de canaux proposables en très nette diminution dans les agglomérations (au mieux, 26 radios... Ça fait une sacrée perte par rapport à la FM dans les grandes villes), ce qui limitait d'autant la création de nouveaux formats.
- Le refus du simulcast avec la télé numérique, au contraire de tous nos voisins européens

Il n'y a pas que la modification des usages, il y a surtout l'avidité de certains industriels Français, complètement onnibulés par un marché captif supposé.
Sans compter que le financement des radios associatives (le format est nettement plus onéreux qu'un seul émetteur analogique, et impose de se lier avec un groupe industriel pour la diffusion) n'est toujours pas prévu, ce qui voulait dire un appauvrissement catastrophique, en contradiction avec les lois en vigueur sur l'offre prévue en FM.

Tout était déjà annoncé dans les milieux pros depuis 2002.
Je ne pleurerais pas dessus. Et pour ce qui est de la télé numérique, Nokia a des prototypes qui captent très bien la TNT dans d'autres pays, sauf en France, rapport au QAM64 choisi.
g
géo - Il y a 13 ans
- tous les adaptateurs TNT peuvent recevoir la radio numérique, en Angleterre ça fonctionne depuis des années....ce serait un bon début non ?
n
nemo77 - Il y a 13 ans
Pour la RNT, il faut se rattacher aux normes internationales, soit DRM pour gammes d'ondes < 30 MHz, et DAB+ au-dessus.
En France, les choix qui ont été fait ou tenter d'être promus n'étaient pas des choix guidés par des contraintes techniques ou économiques, mais notamment :
- destinés à favoriser TDF contre ses concurrents, TDF et son réseau de relais situés sur points hauts (au détriment de sites d'émission en centre ville ou maillés par exemple).
- Empêcher les radios indépendantes, associatives ou à faible revenus de s'émettre elles-mêmes sur une porteuse unique en forçant une norme qui oblige à prendre place dans un multiplex opéré par un grand groupe concurrent.
- Pour les mêmes raison, pas de radios diffusés par les émetteurs TNT.
- Toujours pour les mêmes raisons, un paramétrage de la TNT qui empêche qu'elle marche en mobilité. Comme cela, il faudra émettre autre chose pour avoir de la TV mobile (et enrichir les broadcasters) et/ou payer pour recevoir (en +).
- Décourager le standard drm (digitale radio mondiale), qui permet de couvrir un territoire grand comme la France avec un seul émetteur de faible puissance (donc accessible à une radio peu riche ou associative), ce qui est évidemment intolérable pour les grands groupes).
-drm permet également une radio de qualité numérique en ondes courtes, donc pour diffusion planétaire, et pour pas cher (les puissances d'émission nécessaires sont plus faibles à résultat égal qu'en AM analogique actuel), et donner une seconde vie aux ondes courtes.

Pour finir, je dirais aussi que la radio, c'est la démocratie. L'écoute libre, non contrôlée, non surveillée, et qui passe les frontières, même celles des dictatures, avec des récepteurs facile à se procurer, sur piles et coûtant quelques dizaines d'euros. La radio sur gammes d'ondes < 30 MHz spécialement, c'est donc un média difficile à contrôler par un pouvoir politique. Ceci expliquerait-il cela ?
m
merinos - Il y a 13 ans
...en fait, la politique actuelle de la RNT en France, c'est peut-être pour mieux favoriser les radios privées en Suisse romande:
http://www.radiomag.ch/web/suisse/296-romandie-medias-une-nouvelle-societe-pour-developper-le-dab.html
m
mitsou - Il y a 13 ans
c'est quand même incroyable que le dossier sur la RNT en France n'avance pas, au moins avec ce système tout le monde ou presque pourrait bénéficier de plus de radios sur l'hertzien avec en plus une qualité de son CD et bien plus encore.
!
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