Vivendi
 

Rédaction
29 octobre 2002

Le groupe français Vivendi Universal, qui tente de repousser l'assaut de l'opérateur britannique Vodafone sur sa filiale télécoms Cegetel, a obtenu hier soir du tribunal de commerce de Paris un sursis d'un mois dans la bataille pour la prise de contrôle de cette entreprise. Le tribunal a décidé que les opérateurs télécoms britannique BT Group et américain SBC Communications (SBC) ne pourraient pas vendre leurs actions Cegetel à Vodafone avant le 10 décembre. VU avait demandé en référé au tribunal de repousser d'un mois la date limite --fixée au 10 novembre-- d'exercice de son droit de préemption sur les parts de ces deux actionnaires minoritaires de Cegetel. Au coeur de cette bataille figure la lucrative société de téléphonie mobile SFR, filiale de Cegetel. Le président du tribunal "a interdit à titre conservatoire à BT, SBC et Vodafone de transférer les actions Cegetel (...) pendant un délai de 50 jours à compter du 16 octobre", jour de l'annonce de l'accord conclu par Vodafone avec BT Group et SBC pour leur acheter leurs parts dans le capital de Cegetel. Mais le jugement du tribunal de commerce n'a pas tranché la question de l'interprétation du droit de préemption, prévu par le pacte des quatre actionnaires de Cegetel. Les parties peuvent encore saisir le juge du fond sur ce point. Le jugement a été rendu alors qu'une réunion du conseil d'administration de VU doit avoir lieu mardi, a-t-on appris de sources concordantes. Cette réunion pourrait débuter à 17h00, selon une source syndicale. Les administrateurs pourront faire le point sur le dossier Cegetel à la veille de l'expiration de l'offre de Vodafone sur la participation de VU dans cette entreprise. L'opérateur britannique est prêt à payer 6,77 milliards d'euros pour les 44% de VU dans Cegetel. Leader mondial de la téléphonie mobile, Vodafone détient lui-même 15% de Cegetel. Selon l'accord annoncé le 16 octobre, Vodafone doit acquérir les 26% de BT Group dans Cegetel pour 4 mds EUR et les 15% de SBC pour 2,3 mds EUR. Si VU décide d'utiliser son droit de préemption, il devra trouver des ressources financières importantes, alors qu'il tente toujours de desserrer l'étau de sa dette colossale et que la vente de ses actifs dans l'édition s'avère laborieuse. Le délai qu'il vient d'obtenir va lui permettre de préparer sa riposte et de peaufiner ses montages financiers en vue d'une contre-attaque. VU doit mettre au minimum 4 mds EUR sur la table pour enlever les parts de BT Group qui lui assureraient le contrôle de Cegetel et surtout de la "machine à sous" SFR. VU devra payer une prime de 13% à SBC, soit un total de 2,6 mds EUR, s'il veut acquérir ses 15%. Pour obtenir les crédits nécessaires à sa contre-offensive, le groupe français a lancé des négociations avec quatre banques: Crédit Suisse First Boston (CSFB), Crédit Lyonnais, Crédit Agricole Indosuez et Royal Bank of Scotland (RBOS). VU peut déjà disposer du produit de la cession de ses activités d'édition en Europe, cédée au groupe français Lagardère (Hachette) pour 1,25 md EUR. Mais VU ne devrait conserver que 800 millions d'euros environ, notamment après déduction de la dette. Parmi les autres actifs mis en vente par VU figure la maison d'édition américaine Houghton Mifflin. Le groupe aurait reçu trois offres d'acquisition déposées par des fonds d'investissements, selon une source proche du dossier. L'une de ces offres a été déposée par Eurazeo, holding de la banque d'affaires française Lazard, associée à l'américain Carlyle Europe et au français UI (Crédit Agricole), selon une autre source.

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