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Rédaction
10 février 2003

Le journaliste Denis Robert, après deux livres et un film sur Clearstream, sorte de "banque des banques" située à Luxembourg, poursuit son enquête avec le documentaire "L'affaire Clearstream". Ce documentaire à base d'infographies animées et d'interviews, réalisé avec Pascal Lorent, raconte les tentatives d'étouffement, les pressions exercées depuis deux ans sur le journaliste et ses témoins par les milieux bancaires et des autorités luxembourgeoises. Le documentaire révèle également la découverte chez Clearstream de comptes discrets de la société Daewoo. Cette banque est la "meilleure lessiveuse du monde" d'argent sale pour qui sait s'en servir, affirme Régis Hempel, l'ancien responsable informatique de Clearstream, qui témoigne enfin à visage découvert. La firme a toujours réfuté les enquêtes de Denis Robert, sans jamais s'expliquer sur les points les plus litigieux. Par exemple, la présence de comptes secrets - car ne dépendant pas de comptes dûment référencés - de banques situées dans des paradis fiscaux, ou la pratique de "fausses pannes informatiques" permettant d'effacer les traces de transactions. Son premier livre, "Révélation$" (2001), avait eu des suites concrètes : une enquête judiciaire à Luxembourg et le limogeage de l'ex-patron André Lussi. Le documentaire montre ainsi que le jour de l'audition de Régis Hempel par une mission d'enquête française sur le blanchiment, le domicile d'Ernest Backes, autre ancien de Clearstream et co-auteur de "Révélation$", est perquisitionné au Luxembourg pour des soupçons de "vol et recel de vol de documents bancaires". Image forte : celle d'une députée du grand-duché lançant, au Parlement européen, à Ernest Backes, en patois luxembourgeois, "tu peux être fier d'avoir trahi ton pays". Quant à André Lussi ou Lucien Thiel, le directeur de l'Association des banques et banquiers du Luxembourg (ABBL), ils sont explicitement pris dans le film en flagrant délit de mensonges. Une vingtaine de procès ont été intentés contre Denis Robert et ses soutiens. Son combat quasi-solitaire commence à porter ses fruits. Le GAFI, instance internationale de lutte contre le blanchiment et le financement du terrorisme, va mettre en évidence "les vulnérabilités du secteur des valeurs mobilières au blanchiment des capitaux". Le chef de la diplomatie française, Dominique de Villepin, a préconisé, en janvier, "la traçabilité des transferts de fonds électroniques". (diffusion ce soir 23h00 - Canal +)

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