Satellites
 

Rédaction
3 mars 2003 à 01h00

Les autorités de la ville de Herat, dans le nord-ouest de l'Afghanistan, ont interdit par décret religieux la diffusion dans les lieux publics des chaînes de télévisions satellites et de films étrangers, a rapporté la télévision locale. "Les propriétaires de restaurants, d'hôtels ou de magasins vidéo ne doivent pas montrer des films qui pourraient entraîner la corruption et faire l'apologie des interdits", ont déclaré des responsables d'Herat à la télévision. La vente des films étrangers est également interdite. Un organe gouvernemental local, le "département pour le respect de la loi et de la piété" a pris cette décision pour empêcher la diffusion de "films anti-islamiques", selon ces responsables. Les publicités de films et posters de femmes souvent affichés à l'entrée des magasins ou des restaurants sont également interdits, et les contrevenants seront punis "en vertu des lois islamiques", toujours selon la télévision. Cette décision intervient après l'annonce le 22 janvier à Kaboul par la Cour suprême afghane de "l'interdiction" de toutes les télévisions étrangères en Afghanistan. Contestée par le ministère de l'Information, cette décision avait entraîné l'interruption de la télévision par câble à Kaboul, seulement opérationnelle et qui permettait la réception d'une dizaine de chaînes étrangères. Elle est en revanche restée sans effet sur les télévisions reçues par satellite. Les antennes de réception satellitaire sont très nombreuses dans la capitale, et les vidéos pirates de films occidentaux et indiens se vendent avec beaucoup de succès dans d'innombrables magasins. Les films étrangers, et en particulier indiens, sont très populaires en Afghanistan, où la télévision était interdite de 1996 à fin 2001 sous le régime fondamentaliste des talibans par le ministère "du Vice et de la Vertu". La ville d'Herat et la province du même nom, frontalière avec l'Iran, sont contrôlées par le puissant chef de guerre Ismail Khan, héros de la résistance à l'occupation soviétique (1979-1989) et fer de lance de la lutte contre les talibans. Ismail Khan exerce aujourd'hui un contrôle absolu sur sa province, tout en affirmant soutenir le gouvernement central de Kaboul. Il a été critiqué à plusieurs reprises par des organisations internationales de défense des droits de l'Homme.

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