Al Jazeera
 

Rédaction
9 septembre 2003

Le reporter vedette d'Al-Jazira, Tayssir Allouni, a été maintenu en détention lundi par le juge Baltasar Garzon dans l'attente d'un supplément d'enquête, à l'issue d'un interrogatoire sur ses liens supposés avec une cellule d'Al-Qaïda démantelée en Espagne après le 11 septembre 2001. L'accusation, qui ne dispose pour l'heure que "d'indices de collaboration avec une bande terroriste, basés sur une analyse superficielle de la part de la police", a demandé un délai de 72 heures dans l'attente de nouvelles informations, selon des sources judiciaires. Selon les mêmes sources, le journaliste de la chaîne qatarie a nié toute relation directe avec Al-Qaïda lors de son interrogatoire qui a duré un peu plus de trois heures. Il y a notamment expliqué par le menu comment il avait obtenu, après les attentats du 11 septembre aux Etats-Unis, l'entretien avec Oussama ben Laden qui l'avait rendu célèbre. La durée maximum de détention sans charges -- six jours dans les affaires de terrorisme -- sera atteinte au terme de ces 72 heures de détention et le juge Garzon devra alors inculper ou élargir Allouni. Le journaliste espagnol d'origine syrienne, qui travaille au siège de la chaîne qatarie à Doha, avait été interpellé vendredi dans la province de Grenade (sud), au dernier jour des vacances qu'il passait sur place avec sa famille depuis deux mois. Transféré à Madrid, il avait depuis lors été maintenu au secret dans une cellule du commissariat de Canillas, dans le nord-est de la capitale. Selon des sources judiciaires, le juge Garzon l'a interrogé sur ses liens avec Imad Eddine Barakat Yarkas, alias Abou Dahdah, présumé responsable d'Al-Qaïda pour l'Espagne, qui avait été arrêté en novembre 2001 en même temps que plusieurs autres présumés islamistes radicaux. Le mandat d'arrêt impute à Allouni une participation "à l'organisation, au soutien et à l'infrastructure de cette cellule", ainsi que "l'approvisionnement en fonds d'Al-Qaïda en Afghanistan" alors qu'il était correspondant à Kaboul d'Al-Jazira, pendant la guerre de 2001. Al-Jazira a protesté contre l'arrestation de son reporter et la Fédération des associations de presse en Espagne (FAPE), à laquelle est affilié Allouni, lui a fourni un avocat, a expliqué José Maria Torre Cervigon, secrétaire général de cette organisation. "C'est une affaire dans laquelle peuvent entrer en jeu des questions aussi graves que la liberté d'expression, les sources professionnelles, les droits du public", a estimé M. Torre Cervigon, qui a demandé le respect de la présomption d'innocence. Le personnel d'Al-Jazira a demandé au chef du gouvernement espagnol José Maria Aznar "d'ordonner la mise en liberté immédiate" d'Allouni, dans une lettre publiée par le quotidien El Mundo. "Les accusations contre Tayssir frôlent l'absurde", estiment ses collègues, qui assurent que la vie du journaliste serait en péril en cas de maintien en détention en raison d'une "grave maladie cardiaque". L'épouse du reporter, Fatima, a confirmé qu'il souffrait d'hypertension artérielle et de troubles cardiaques et l'un de ses collègues, Maher Abdallah, assure qu'il a subi un pontage coronarien à Bagdad en pleine guerre d'Irak.

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