Radio France
 

Rédaction
10 février 2004 à 03h00

La situation est restée figée lundi à Radio France, au quatorzième jour de la grève entamée le 27 janvier par les journalistes de l'entreprise pour faire aboutir des revendications salariales. Les grévistes, qui n'ont reçu aucun signe de la direction pendant le week-end, n'en ont pas non plus reçu lundi, même si celle-ci avait indiqué dimanche qu'elle aurait "sans doute des choses à dire" le lendemain. Près de 200 journalistes ont participé dans l'un des grands halls de la maison de la Radio à l'assemblée générale, devenue traditionnelle que l'intersyndicale (SNJ, FO, CGT, CFDT, CFTC, CGC) convoque presque chaque jour pour décider de la suite du mouvement. A cette occasion, les grévistes, toujours très nombreux, ont voté la poursuite de la grève mardi. Concernant France Info, radio d'information continue et par conséquent la plus touchée par la grève des journalistes, la direction fixe le taux de grévistes à 69,57% tandis que l'intersyndicale annonce 95% de grévistes. A France Inter, la direction parle de 51,47% de grévistes, contre 75% selon l'intersyndicale. Les journalistes, qui dénoncent l'écart entre leur salaire et celui de leurs confrères de la télévision publique, ont mis la journée à profit pour dénoncer les gaspillages de la direction. Ils ont convié les journalistes des autres rédactions parisiennes à venir voir avec eux un bâtiment proche de la maison de la Radio, à Paris. Loué au prix de 3.540.348 euros par an depuis le 1er août 2003, ce bâtiment, en cours d'aménagement, doit accueillir France Inter. Selon les leaders syndicaux, avec l'argent que Radio France a dépensé pour louer ce bâtiment, toujours inoccupé, la direction aurait pu accorder une augmentation de 150 euros par mois à chaque journaliste. La direction a vertement répliqué le jour même dans un communiqué que "la confusion est impossible entre les revendications salariales et les travaux de mise en sécurité des locaux de la maison de la Radio". Selon elle, c'est la mise en sécurité des locaux qui a rendu indispensable la location de bureaux voisins pour plusieurs années. Si ces locaux restent inoccupés, c'est en raison des travaux nécessaires à leur mise en service. Selon la Société des journalistes (SDJ), un rédacteur-reporter ayant cinq ans d'ancienneté gagne 1.875 euros net par mois. A France Inter, un rédacteur en chef adjoint ayant 30 ans d'ancienneté gagne 3.400 euros net par mois. En moyenne, les journalistes de Radio France gagnent 20% de moins que leurs confrères de France 3. "Nos salaires sont peu de choses dans cette affaire. Juste un révélateur", écrit Hubert Huertas, journaliste de France Inter et France Info à Marseille et secrétaire national du SNJ de Radio France, dans une tribune publiée lundi par le quotidien Libération. "C'est vos radios qu'on assassine à petites saignées", poursuit-il. Selon lui, si les grévistes capitulent, les antennes de Radio France deviendront "les radios bénévoles des années 80", "qui ne coûtaient pas un rond, mais qui sont mortes au champ d'honneur". De son côté la SDJ, dans une lettre ouverte aux auditeurs, souligne que la grève n'a pas pour but de "gagner quelques dizaines d'euros supplémentaires". "A terme, nous craignons qu'il y ait deux pôles: la télévision publique d'un côté, la radio publique de l'autre. La seconde devenant le parent pauvre, n'ayant plus les moyens de fournir des programmes de qualité, non soumis à des impératifs publicitaires", écrit la SDJ.

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