BBC
 

Rédaction
5 mars 2004

Le plus vieux correspondant étranger de la BBC, Alistair Cooke, 95 ans, diffusera ce week-end sa 2.869ème et dernière "Lettre d'Amérique", contraint de mettre fin à une carrière longue de 58 ans pour raisons de santé, a annoncé la radio publique britannique. Souffrant d'arthrite et de problèmes cardiaques, le journaliste, installé à New York et citoyen américain depuis 1941, a accepté de se plier à l'avis de ses médecins. "Je ne peux plus continuer ma 'Lettre d'Amérique'", doit expliquer Alistair Cooke à ses auditeurs du monde entier dans sa dernière chronique diffusée le week-end prochain, a révélé la BBC dans un communiqué. "Tout au long de ces 58 années, j'ai eu beaucoup de plaisir à faire ces émissions, et j'espère que cela s'est senti chez mes auditeurs que je remercie pour leur loyauté et à qui je dis 'au revoir'", doit-il conclure. Ces chroniques hebdomadaires d'une quinzaine de minutes, diffusées en Grande-Bretagne mais également dans le monde entier via le service mondial de la BBC, ont vu le jour en 1946. Depuis son appartement new-yorkais qui surplombe Central Park, le journaliste y évoquait toutes les facettes de la vie américaine, des dernières rumeurs du microcosme de Washington à l'importance d'accompagner la dinde de Thanksgivings de sauce à la canneberge... Interrogé sur la vie d'un Britannique parmi les Américains, il avait confié à son biographe: "c'est un grand privilège de connaître ces deux pays suffisamment bien pour pouvoir observer deux genres d'êtres humains". La voix mélodieuse de cet érudit, incollable sur l'histoire de son pays d'adoption, ne laissait en rien transparaître ses origines modestes de fils d'ouvrier, élevé dans la cité balnéaire populaire de Blackpool (nord-ouest de l'Angleterre). Des études brillantes allaient le mener à Oxford, puis aux non moins prestigieuses universités américaines de Yale et Harvard. En 1946, il est correspondant à New York du quotidien Manchester Guardian (aujourd'hui The Guardian), pour lequel il couvre notamment les premiers pas de l'Onu. La BBC lui propose alors une chronique hebdomadaire sur la vie des Etats-Unis, baptisée dans un premier temps "Lettre américaine". Elle devait initialement être diffusée pendant 13 semaines, 26 tout au plus, mais la direction de la BBC a semble-t-il "oublié" de l'annuler, comme se plaît à le raconter Alistair Cooke. En 58 ans, le journaliste n'aura manqué que trois "Lettres d'Amérique". Ces derniers temps, ses problèmes de santé avaient raccourci son souffle, au point que ses auditeurs pouvaient se demander s'il parviendrait à terminer sa chronique. Ils pourront écouter, sans doute avec une émotion particulière, la toute dernière "Lettre d'Amérique" de ce pilier de la BBC, de vendredi à dimanche sur Radio Four et à partir de samedi sur le service mondial de la radio publique. De nombreuses chroniques sont également disponibles sur le site internet de la BBC (www.bbc.co.uk/letterfromamerica).

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