Rédaction
9 août 2004

Le journaliste centrafricain Maka Gbossokotto a été condamné lundi à un an de prison avec sursis et 500.000 francs CFA (750 euros) d'amende pour "injures publiques" par le tribunal correctionnel de Bangui, qui l'a relaxé du chef de diffamation. Maka Gbossokotto, directeur de publication du quotidien indépendant Le Citoyen, faisait l'objet d'une plainte pour "diffamation et injures publiques" déposée par l'ex-directeur général de la société publique de distribution d'électricité Energie centrafricaine (Enerca), Jean-Serge Wafio. Ce proche du président centrafricain François Bozizé avait été limogé en juin après une série d'articles du Citoyen l'accusant de détournement de fonds. Le tribunal a également condamné M. Gbossokotto à lui verser 1 FCFA symbolique de dommages et intérêts. Maka Gbossokotto, arrêté le 8 juillet dans cette affaire puis incarcéré, a été immédiatement remis en liberté. Lors de son procès le 16 juillet, le procureur avait requis une peine de douze mois de prison fermes à l'encontre du journaliste et le tribunal avait rejeté une demande de mise en liberté. Son arrestation et son incarcération avaient suscité de nombreuses protestations, notamment du Groupement centrafricain des éditeurs de la presse privée et indépendante (Geppic), qui avait suspendu la parution de tous ses titres entre le 12 et le 19 juillet. L'affaire avait attisé les tensions entre la presse et le pouvoir centrafricain. Selon les éditeurs de la presse privée, la personnalité même de M. Wafio et les réquisitions du procureur ont montré l'intention du pouvoir en place depuis le coup d'Etat de mars 2003 de museler toute critique à l'approche des scrutins présidentiel et législatifs de retour à l'ordre constitutionnel prévus en janvier 2005. Le président François Bozizé s'était dit "pas concerné" par cette affaire dans laquelle il avait démenti être intervenu. Le cas Gbossokotto avait créé des remous à la tête de l'Etat lorsque le vice-président Abel Goumba avait critiqué l'incarcération du journaliste, s'attirant ainsi les foudres des services du Premier ministre, Célestin Gaombalet, qui avaient qualifié ces déclarations de "manoeuvres politiciennes"

!
Les articles de plus de deux ans ne peuvent plus être commentés.