Télévision
 

Rédaction
15 février 2006

Le directeur général de la Radio télévision nationale ivoirienne (RTI), Kébé Yacouba, a déploré l'absence de mesures de sécurisation de ses bâtiments et studios, régulièrement envahis et occupés par les partisans du régime lors des manifestations à Abidjan. "Il n'est pas normal que, chaque fois qu'il y a une crise en Côte d'Ivoire (...) la RTI soit la principale cible des manifestants", a déclaré M. Yacouba sur la radio de l'Opération des Nations unies en Côte d'Ivoire, Onuci FM. "Nous ne comprenons pas nous-même pourquoi, depuis deux ans que la RTI est assiégée chaque fois qu'il y a une crise, des mesures de sécurité efficaces ne sont pas prises", a-t-il ajouté. Fin janvier, au plus fort de quatre jours des manifestations des partisans du président Laurent Gbagbo contre l'Onu, quelques centaines de "patriotes" avaient envahi et occupé pendant plus de 48 heures les locaux de la télévision, obligeant une partie du personnel, dont ses dirigeants, à quitter les lieux. Avec le soutien de quelques journalistes proches de la mouvance présidentielle, ils avaient diffusé sur les écrans des appels à la mobilisation des "patriotes" pour prendre part aux manifestations. Objet de nombreuses pressions politiques, la RTI avait déjà été occupée par les "patriotes" ivoiriens lors de la crise de novembre 2004, et un proche du chef de l'Etat avait été installé à sa tête. Après le départ des "patriotes" en décembre 2004, la télévision était revenue à une relative neutralité. La normalisation de la RTI était prévue par les accords de paix de Pretoria signés en avril et juin 2005. M. Yacouba a démenti les accusations lancées les partisans du régime accusant la RTI de partialité, les attribuant à "de la mauvaise foi ou de l'ignorance". "Tous les partis politiques ont accès à nos antennes. Il n'y a pas d'exclusion et aujourd'hui si nous faisons le bilan de deux années (...) ce sont le FPI (Front populaire ivoirien, du président Gabgbo) et les +mouvements patriotiques+ (pro-régime) qui caracolent en tête" du temps d'antenne, a-t-il affirmé. Il a rappelé que la RTI refusait de diffuser des "déclarations de nature violente ou des propos appelant à la haine". M. Yacouba a déploré le manque de moyens dont dispose la RTI, ainsi que la destruction de plusieurs émetteurs dans le nord du pays, contrôlée depuis septembre 2002 par la rébellion des Forces nouvelles (FN). Pour cette raison, la RTI risque de ne pouvoir couvrir tout le territoire ivoirien pendant le processus électoral, qui doit mener en octobre 2006 à une sortie de crise, a-t-il averti. "Nous avons tiré la sonnette d'alarme depuis l'année dernière et jusqu'à présent nous n'avons pas été écoutés (...). Si nous n'avons pas les équipements à temps évidemment cela va compliquer le processus électoral", a-t-il déclaré.

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