France 2
 

Rédaction
11 mai 2006

Des milliers d'adolescents américains "à problèmes" sont envoyés chaque année par leurs parents dans des centres de modification du comportement, véritables camps de redressement qui sont au coeur d'un documentaire stupéfiant, "Les enfants perdus de Tranquility Bay" diffusé à 23H00 sur France 2 Jean-Robert Viallet et Mathieu Verboud ont enquêté pendant deux ans et demi sur les centres liés à la Worldwide Association of Speciality Programs (WWASP), une organisation américaine basée dans l'Utah et créée par un mormon, Robert Lichfield, devenu millionnaire. Les auteurs du documentaire ont interrogé d'anciens pensionnaires, des parents, des employés --anciens ou actuels-- et suivi le procès en diffamation intenté par WWASP à la mère d'un ancien élève. "Tranquility Bay", "Casa by the Sea", "Paradise Cove"... Les centres d'internement n'ont de paradisiaque que leur nom. Les pensionnaires sont soumis à une violence extrême qui a pour but de modifier leur comportement, comme le dressage d'un animal. Ils sont sévèrement punis à la moindre incartade, incarcérés dans une cage à chiens pour plusieurs jours, obligés de rester étendus sur le sol parfois pendant des mois, aspergés de gaz paralysant. Leur séjour peut durer des années. La moitié (ceux implantés à l'étranger) des douze centres de l'organisation ont été fermés par les autorités locales pour mauvais traitements sur mineurs. Sur le territoire américain, les autorités ne sont jamais intervenues et le documentaire rappelle que Robert Lichfield est un généreux donateur du Parti républicain. A raison de frais de scolarité de 25.000 dollars par an, WWASP est en effet une affaire rentable. L'organisation s'adresse à des familles aisées et fait sa publicité par internet. Les parents suivent des séminaires qui s'apparentent à un lavage de cerveau. En filigrane de ce documentaire étonnant se dessine aussi un triste portrait des liens familiaux. Les jeunes internés ne sont pas des délinquants : certains consomment de la drogue, d'autres sont simplement considérés comme "rebelles" par leurs parents, qui rêvent d'un enfant "parfait". "C'est une triste époque pour les enfants de notre pays. Nous avons peur d'eux", constate, désolée, la mère adoptive de l'un des jeunes. diffusion le 11 mai à 23H00 sur France 2

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