Arte
 

Rédaction
29 août 2006

Comment un jeune Français d'origine marocaine, plutôt bien intégré et admirateur du chantre de la paix Alpha Blondy, peut-il s'enrôler dans l'organisation terroriste Al-Qaïda? C'est à cette question que tente de répondre le documentaire "Zacarias Moussaoui, l'aspirant terroriste" sur Arte ce soir à 20h40. La diffusion de ce portrait tombe à point nommé, quelques jours après la découverte d'un complot en Grande-Bretagne fomenté de jeunes Britanniques se réclamant d'Al-Qaïda pour faire exploser des avions en plein vol. Là encore, la plupart de ces jeunes, comme les auteurs des attentats de juillet 2005, semblaient, selon les premiers échos de la presse britannique, bien intégrés dans la société. En mai dernier, Zacarias Moussaoui, 37 ans, membre d'Al-Qaïda, a été condamné à la réclusion à perpétuité et à l'isolement par le jury du tribunal fédéral d'Alexandria (Virginie, USA), à l'issue du premier procès aux Etats-Unis en lien avec les attentats du 11 septembre. Il avait été arrêté trois semaines avant les attentats et avait plaidé coupable en 2005 de complicité avec les auteurs de ces attaques qui ont fait près de 3.000 morts. Pour ce documentaire, présenté au début d'une soirée "Théma" consacrée aux "kamikases" des attentats du 11 septembre et de juillet 2005 à Londres, le réalisateur Valentin Thurn a interrogé des témoins de la vie de Zacarias Moussaoui : sa mère, ses soeurs, des voisins, ses amis d'adolescence et même l'éducatrice de la crèche où, enfant, il a passé un an. Tous décrivent un "enfant heureux de vivre" malgré une vie familiale difficile, entre un père violent et une mère qui lutte pour s'en sortir, quitte à être "insensible à la détresse de ses enfants", selon le témoignage du frère de Zacarias. C'est à l'adolescence que semble se produire la cassure : il se trouve de plus en plus en butte au racisme, estime qu'en France "rien n'est possible" et part pour l'Angleterre, où il fréquente la mosquée londonienne de Finsbury Park, contrôlée par des extrémistes. Un psychiatre (Moussaoui présenterait des traits de schizophrénie) et des politologues sont également interrogés. Le film tente de préciser le rôle de Moussaoui dans les attentats du 11 septembre. A-t-il été jugé non pas pour ses actes mais "pour ce que le gouvernement (américain) veut qu'il symbolise", comme l'estime Phyllis Rodriguez? Cette Américaine, dont le fils de 31 ans est mort dans les attentats du 11 septembre, a noué "une amitié insolite" (selon ses termes) avec Aïcha El Wafi, la mère de Moussaoui. Les passages montrant les rencontres entre ces deux mères, devenues amies malgré les circonstances, sont parmi les plus émouvantes de ce film, qui raconte la dérive d'un jeune homme paumé. "Un rebelle sans cause à la recherche d'une cause", estime un des politologues interrogés.

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