Jeux Olympiques
 

Rédaction
27 octobre 2006

Le Comité international olympique (CIO) a exaucé le souhait des télévisions américaines, au détriment de l'Europe et des sportifs, en décidant de programmer les finales de natation et la plupart de celles de gymnastique en matinée lors des jeux Olympiques de Pékin, en 2008. Jeudi matin, à l'issue d'une visite de trois jours dans la capitale chinoise, le président de la commission de coordination du CIO Hein Verbruggen a annoncé la décision de l'autorité olympique, provoquant immédiatement la colère de l'Australie, l'une des principales nations de natation. "Le CIO a pris sa décision pour des raisons commerciales et non pour le bien du sport", a déclaré Alan Thompson, chef de la natation australienne à l'agence de presse nationale AAP. La tenue des finales en matinée satisfait en effet la chaîne américaine NBC, détentrice des droits de retransmission des jeux Olympiques de Pékin, qui souhaitait qu'elles coïncident avec la soirée en Amérique du Nord. Au détriment de l'Europe qui "verra" les finales en pleine nuit. NBC, qui est par ailleurs l'un des principaux bailleurs de fonds du CIO. La chaîne a payé 3,55 milliards de dollars (2,82 Mds EUR) pour les droits de plusieurs éditions des jeux Olympiques jusqu'en 2008, et encore 2,2 milliards de dollars (1,75 Md EUR) pour les éditions 2010 (Vancouver) et 2012 (Londres), une somme qui représente plus de la moitié des revenus des Jeux. Le directeur des Sports du groupe français France Télévisions Daniel Bilalian a dénoncé un "vice de forme" dans les contrats qui lient le CIO aux diffuseurs, déplorant "diktat de NBC". "Au moment de la signature des contrats, il n'était pas question de ça, a indiqué M. Bilalian. Il y a là comme un vice de forme dans le contrat. A l'heure qu'il est, il est encore trop tôt pour dire ce que nous allons faire. Il va y avoir une concertation des diffuseurs européens dans le cadre de l'UER (Union européenne de radio-télévision)." M. Verbruggen a nié avoir cédé aux exigences de NBC. "Je démens cela. Pour moi, c'est une position qui ne représente pas la vérité", a-t-il dit, estimant qu'il s'était agi de "trouver le meilleur équilibre pour le mouvement olympique dans son ensemble" et qu'il "ne (peut) jamais y avoir une solution qui fasse plaisir à tous". Le CIO, par la voix de sa porte-parole Gisele Davies, a également noté que des finales de natation avaient déjà été programmées en matinée lors de précédents jeux Olympiques et Championnats du monde. "Ce n'est ni un nouveau problème, ni une nouvelle procédure", a-t-elle estimé. "A tous les jeux Olympiques, il faut équilibrer les attentes des différentes parties". Nombre de nageurs et de responsables de diverses fédérations, dont la Fédération internationale (FINA), ainsi que des chaînes européennes, avaient vivement protesté contre ce bouleversement alors qu'il était encore à l'état de projet. "Toute décision concernant le sport mais prise en vertu d'intérêts commerciaux est mauvaise, avait ainsi estimé le Néerlandais Pieter van den Hoogenband, double champion olympique du 100 m libre. Nous aimons notre sport et le fait que des gens nous suivent à la télévision est agréable mais il ne faut pas oublier l'objectif de la natation, qui est de faire de bonnes courses et de battre des records." En prenant connaissance de la décision du CIO, le président du Comité olympique australien John Coates s'est lui déclaré inquiet pour le bien-être des nageurs. "Après les séries qui seront disputées le soir, les nageurs auront besoin de récupérer, éventuellement de se soumettre à un contrôle antidopage avant de retourner au village, a-t-il dit. Cela fera de très très longues soirées." Le CIO a toutefois assuré dans un communiqué qu'il avait veillé à ce que les athlètes ne soient pas lésés par cette décision. "Les besoins des athlètes ont été largement discutés par la Commission des athlètes du CIO, indique le communiqué. La Commission a confirmé qu'ils étaient capables d'être performants le matin ou le soir. Ce qui leur importe est qu'il leur soit donné assez de temps pour ajuster leur régime d'entraînement, ce qui est le cas avec cette décision qui intervient deux ans avant les Jeux, et que la situation soit la même pour tout le monde. Ce qui est aussi le cas."

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