Jeux Olympiques
 

Rédaction
3 janvier 2007

Les journalistes étrangers sont désormais censés pouvoir mener leurs reportages plus librement en Chine en vertu d'une décision du gouvernement central rendue nécessaire par l'organisation des jeux Olympiques à Pékin en 2008, mais beaucoup affichent leur scepticisme. Depuis le 1er janvier et jusqu'au 17 octobre 2008, les journalistes n'ont plus officiellement l'obligation de demander l'autorisation préalable des autorités provinciales pour réaliser des reportages et ont en théorie le droit de se rendre dans toute la Chine, s'ils obtiennent l'accord des personnes qu'ils vont interviewer. Si, dans les faits, cela devrait permettre d'interviewer plus facilement des dissidents ou de se rendre dans des régions sensibles comme le Tibet, la plupart des intéressés font preuve d'une certaine prudence. "C'est un progrès, mais si les responsables locaux ne sont pas bien informés ou s'ils mettent de la mauvaise volonté, il y aura toujours des problèmes", estime Melinda Liu, responsable du bureau de l'hebdomadaire américain Newsweek. "Cela ne leur (Ndlr: les responsables locaux) coûte rien de nous empêcher de faire des reportages sur des sujets qu'ils ne veulent pas voir exposés. Ils peuvent trouver des milliers de raisons autres que des règlements officiels pour éloigner les journalistes", estime Joseph Kahn, responsable du bureau du New York Times. Certains espèrent cependant que ce nouveau climat - suscité par la perspective des jeux Olympiques 2008 à Pékin et l'arrivée de milliers de journalistes étrangers - permettra de parler un peu plus des sujets que les autorités locales souhaitent censurer, comme la corruption ou les problèmes d'environnement. De plus, les journalistes étrangers pourront se prévaloir du soutien du gouvernement central. "Les anciennes règles donnaient aux grosses huiles locales des bâtons pour nous battre", dit le correspondant de la Canadian Broadcasting Corporation, Patrick Brown, qui ne compte plus le nombre de fois où il a été arrêté, avant d'être relâché après avoir signé une lettre reconnaissant avoir enfreint la loi. "Maintenant nous pouvons nous appuyer sur quelque chose, l'autorisation du gouvernement central, et les responsables locaux ne peuvent pas nous empêcher de faire notre travail", juge-t-il. La semaine dernière, un haut responsable chinois a même estimé que ces règles pourraient être définitives. Pour Anthony Kuhn, correspondant pour la radio publique américaine National Public Radio, elles pourraient avoir le même effet sur le plan politique que l'entrée de la Chine en 2001 à l'Organisation mondiale du commerce (OMC), qui a entraîné une plus grande ouverture économique. "Avec l'OMC, ils ont eu des obligations internationales et cela a fait avancer au niveau intérieur la question de la réforme", note-t-il. L'Association des journalistes étrangers basés en Chine incite désormais ses membres à lui faire part des problèmes qu'ils peuvent rencontrer dans les provinces et réclame la mise en place d'une ligne téléphonique permanente de la part du gouvernement.

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