Europe
 

Rédaction
22 août 2008 à 02h00

La Commission européenne a indiqué jeudi qu'elle avait demandé des explications à l'opérateur de satellite Eutelsat sur l'interruption, depuis le 16 juin, de la diffusion en Asie de la chaîne en langue chinoise NTDTV (New Tang Dynasty TV). "Nous sommes au courant et la commissaire (chargée des médias) Viviane Reding a écrit à Eutelsat pour lui demander ce qu'il se passe exactement", a déclaré un porte-parole de la Commission. Le personnel de NTDTV, dont le siège est à New York et qui se présente comme la "seule télévision chinoise libre", a manifesté dans plusieurs capitales européennes pour se plaindre de l'interruption de son signal vers l'Asie, en rejetant la responsabilité de cette coupure sur la direction d'Eutelsat. Cette coupure "prive des millions de téléspectateurs chinois de la seule chaîne en chinois non liée au régime communiste", a déclaré jeudi lors d'une conférence de presse à Bruxelles une responsable de NTDTV, Jenny Fang. "L'explication technique n'est pas valide. Il y a maintenant de la place disponible sur le satellite, mais Eutelsat espère passer des contrats avec le gouvernement chinois et a pour cela cédé aux pressions", a ajouté Mme Fang. Dans un communiqué publié le 25 juillet, Eutelsat, basé à Paris, avait souligné que cette interruption était due à un incident technique qui avait affecté son satellite W5. La société Eutelsat a précisé jeudi qu'elle allait, dans sa réponse à la Commission, réfuter les déclarations de NTDTV qui "visent à mettre en cause la bonne foi d'Eutelsat". "La panne est irréversible. Nous ne pouvons pas non plus reprendre la diffusion vers l'Asie d'autres chaînes, comme Euronews. Il n'y a pas eu de discrimination de NTDTV, que nous continuons d'ailleurs à diffuser en Europe", a expliqué à l'AFP le directeur général délégué d'Eutelsat, Jean-Paul Brillaud. M. Brillaud a par ailleurs souligné que NTDTV n'avait "pas exploré" les solutions alternatives qui lui étaient proposées en se tournant vers des concurrents d'Eutelsat. Il a également réfuté l'affirmation de NTDTV, selon laquelle Eutelsat l'aurait écartée pour satisfaire le gouvernement chinois et décrocher des contrats avec lui. "Quelles affaires pouvons nous faire avec le gouvernement chinois? Nous n'avons pas de capacité de diffusion sur la Chine et pas de projet d'en avoir. Il s'agit de procès d'intention", a expliqué Jean-Paul Brillaud. Il a ajouté que sa société "n'a pas jamais agi sous la pression", sans confirmer ni démentir les accusations selon lesquelles le gouvernement chinois avait tenté de l'influence dans cette affaire. "Plusieurs éléments laissent penser que la suspension de NTDTV, chaîne maintes fois décriée par le gouvernement chinois pour ses émissions sur la situation des droits de l'Homme en Chine, n'est pas seulement due à un problème technique", estime pour sa part l'association Reporters sans frontière.

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