RFI
 

Rédaction
8 octobre 2003

Le ministère sénégalais de l'Intérieur a décidé d'expulser l'envoyée spéciale permanente de Radio France Internationale (RFI) à Dakar, Sophie Malibeaux, interpellée plus tôt dans la journée en Casamance (sud), a-t-on appris de sources concordantes. Sophie Malibeaux, de nationalité française, installée au Sénégal depuis un an, s'est vu remettre un arrêté d'expulsion stipulant qu'elle devait quitter immédiatement le territoire sénégalais. L'arrêté précise qu'elle est expulsée "par nécessité d'ordre public", a indiqué Sophie Malibeaux, interrogée par l'AFP par téléphone en début de soirée. Elle se trouvait alors dans les locaux du ministère de l'intérieur, accompagnée d'un diplomate français. Aucune explication spécifique n'a cependant été donnée officiellement à la journaliste sur les raisons de la décision du gouvernement. Selon des sources officieuses, les autorités estimeraient qu'elle a couvert de manière partiale les "assises" du Mouvement des forces démocratiques de Casamance (MFDC, indépendantiste) qui se tiennent depuis lundi à Ziguinchor, principale ville de cette région du sud du Sénégal où sévit une rébellion séparatiste depuis plus de vingt ans. Avant la tenue de ces "assises", censées préparer de futures négociations de paix avec le gouvernement sénégalais, RFI avait notamment diffusé un entretien avec un membre d'une faction radicale du MFDC, qui a refusé de prendre part à la rencontre de Ziguinchor. Selon un journaliste avec lequel elle se trouvait, Sophie Malibeaux avait été interpellée en début d'après-midi à Ziguinchor par trois agents en civil et ramenée à Dakar, où elle est basée, à bord d'un avion spécial et sous escorte policière. Les trois agents avaient une "convocation pour le commissariat avec un tampon rouge où il était écrit +à conduire+ (...). On lui a signifié qu'elle devait être conduite sous escorte à Dakar pour les besoins d'une enquête dont le sujet n'a pas été révélé", avait précisé ce journaliste. Dans un communiqué diffusé hier après-midi, l'Association de la presse étrangère au Sénégal (APES) avait demandé la "libération immédiate et inconditionnelle" de Sophie Malibeaux et condamné la "tentative d'intimidation" menée à son encontre.

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